En matière d’arthroplastie totale de genou, l’équilibrage ligamentaire médio latéral est essentiel pour obtenir un bon résultat fonctionnel. Mais il peut être insuffisant dans le cas des implants hypercongruents, notamment pour équilibrer l’espace en flexion. Nous proposons d’équilibrer l’espace en flexion en surtaillant le composant fémoral, de façon à augmenter le débord condylien postérieur (DCP). Le but de cette étude était d’évaluer la faisabilité de cette technique en dépistant d’éventuels effets indésirables. Nous avons émis l’hypothèse que la mise en œuvre à bon escient de cet artifice technique ne compromettrait pas les résultats à moyen terme, en posant 2 questions : (1) Dans quelle proportion de patients l’ajustement du DCP s’avérait souhaitable pour stabiliser l’espace en flexion ? (2) Est-ce que dans ces cas particuliers, les résultats cliniques en terme de genou oublié – selon le « Forgotten Joint Score » (FJS) – et de gain de flexion seraient altérés, par rapport aux patients opérés avec la technique classique, c’est-à-dire sans surdimensionnement du composant fémoral ?

Quatre vingt quatorze patients (120 genoux) ont été opérés entre septembre 2009 et 2011, d’âge moyen age 68±9 ans, en utilisant la version sans ciment Hyperflex de la prothèse Natural Knee (Zimmer, Warsaw, IN, États-Unis). La postéro stabilisation était obtenue par la forme hypercongruente des inserts fixes. La configuration Gender permettait d’avoir à disposition des composants étroits pour mieux s’adapter à l’anatomie fémorale. Un système de navigation spécialement adapté permettait de mesurer les déplacements des points de contact femoro tibiaux externe et interne avec une précision inframillimétrique. En suivant une technique de coupe tibiale première avec référence antérieure, la décision de surdimensionner le composant fémoral était prise sur le constatation d’un tiroir antéro-postérieur de plus de 6mm à 90° de flexion, mesuré avant d’entreprendre les coupes fémorales. Quatre-vingt un patients (105 genoux) ont été revus avec un recul moyen de 63±27 mois.

Les composants femoraux ont été augmentés d’une taille dans 60 cas et de 2 tailles dans 7 cas. Au recul, les genoux avec un composant femoral surdimensionné (60 cas) ont obtenu les mêmes résultats que ceux pourvus d’un composant fémoral aux dimensions anatomiques (45 cas) à la fois en termes de gain de flexion (−5±34̊versus −4±23̊, p=0,78), que de score FJS moyen (63±26 versus 61±23 ; p=0,56).

L’équilibrage de l’espace en flexion par surdimensionnement du composant fémoral n’a pas compromis les résultats fonctionnels à moyen terme.

IV, Étude observationnelle rétrospective.