Phénomène de Lucio révélant une lèpre due à une souche de Mycobactérium leprae résistante à la dapsone aux Antilles - 20/11/19
Résumé |
Introduction |
La maladie de Hansen n’est plus un problème de santé publique aux Antilles mais elle n’est pas éradiquée. Nous rapportons un cas de lèpre lépromateuse révélée par un phénomène de Lucio. Cette vasculite nécrotique considérée comme un état réactionnel de type II est habituellement observée en Amérique centrale.
Observations |
Suite à l’évolution défavorable d’une plaie post-traumatique de la cheville droite, une femme de 72 ans subissait un débridage chirurgical. Le lendemain, elle développait un purpura extensif des membres inférieurs puis supérieurs avec livédo nécrotique. L’analyse histologique initiale montrait une vascularite leucocytoclasique intense. Cependant le facies léonin, la madarose, la présence de nodules sur les oreilles et l’hypoesthésie des extrémités amenaient à rechercher une lèpre, hypothèse confirmée par la présence de bacilles de Hansen 4+ au niveau des lobes d’oreilles. La présence des BH dans les lésions de livédo nécrotique authentifiait un phénomène de Lucio au cours d’une lèpre multi-bacillaire (MB). Une polychimiothérapie (PCT) MB associant dapsone, rifampicine, lamprène était instaurée associée à du thalidomide pendant 7 semaines par analogie avec le traitement des états réactionnels de type II. À 6 mois du début de la PCT, l’identification de la souche bactérienne montrait qu’il s’agissait de Mycobactérium leprae présentant une résistance primaire à la dapsone. Malgré l’évolution favorable, la dapsone était remplacée par l’ofloxacine. L’évolution était marquée par une disparition complète des lésions lépromateuses et une cicatrisation avec séquelles tégumentaires et motrices modérées.
Discussion |
Le phénomène de Lucio est considéré comme un état réactionnel de type II à type de vascularite leucocytoclasique entraînant des nécroses cutanées délabrantes, habituellement observé au cours de lèpres lèpromateuses traitées en Amérique du sud en rapport avec la souche M. lepromatosis. Cette observation est originale sur plusieurs aspects : c’est le phénomène de Lucio qui a conduit au diagnostic d’une lèpre naïve de tout traitement ; cette réaction n’a jamais été rapportée aux Antilles françaises où les lèpres sont dues à M. Leprae comme c’est le cas dans notre observation ; la biologie moléculaire a révélé une résistance primaire à la dapsone. Le traitement de cet état réactionnel rare, parfois létal, reste mal codifié faisant appel au thalidomide ou à la corticothérapie générale associés à la polychimiothérapie d’une lèpre lepromateuse.
Conclusion |
Le phénomène de Lucio doit être évoqué devant un tableau de vascularite nécrosante même lorsque le diagnostic de lèpre est méconnu, notamment en zone d’endémie. Quand elle est réalisable, la biologie moléculaire permet de révéler les mutations en rapport avec les résistances bactériennes.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Lèpre, Phénomène de Lucio, Vasculite leucocytoclasique
Plan
☆ | Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.09.462. |
Vol 146 - N° 12S
P. A283-A284 - décembre 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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