S'abonner

Phénomène de Lucio révélant une lèpre due à une souche de Mycobactérium leprae résistante à la dapsone aux Antilles - 20/11/19

Doi : 10.1016/j.annder.2019.09.462 
P. Musson 1, , L. Flumain 2, Y. Negesse 3, T. Muller 3, S. Guyomard 3, 4, N. Cordel 5, I. Fabre 5
1 Maladies infectieuses et tropicales/dermatologie 
2 Maladie infectieuses et tropicales/dermatologie 
3 Anatomopathologie, CHU de Guadeloupe 
4 Laboratoire mycobactéries, institut Pasteur-Guadeloupe 
5 Maladies infectieuses et tropicales/dermatologie, CHU de Guadeloupe, Pointe-à-Pitre, Guadeloupe 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La maladie de Hansen n’est plus un problème de santé publique aux Antilles mais elle n’est pas éradiquée. Nous rapportons un cas de lèpre lépromateuse révélée par un phénomène de Lucio. Cette vasculite nécrotique considérée comme un état réactionnel de type II est habituellement observée en Amérique centrale.

Observations

Suite à l’évolution défavorable d’une plaie post-traumatique de la cheville droite, une femme de 72 ans subissait un débridage chirurgical. Le lendemain, elle développait un purpura extensif des membres inférieurs puis supérieurs avec livédo nécrotique. L’analyse histologique initiale montrait une vascularite leucocytoclasique intense. Cependant le facies léonin, la madarose, la présence de nodules sur les oreilles et l’hypoesthésie des extrémités amenaient à rechercher une lèpre, hypothèse confirmée par la présence de bacilles de Hansen 4+ au niveau des lobes d’oreilles. La présence des BH dans les lésions de livédo nécrotique authentifiait un phénomène de Lucio au cours d’une lèpre multi-bacillaire (MB). Une polychimiothérapie (PCT) MB associant dapsone, rifampicine, lamprène était instaurée associée à du thalidomide pendant 7 semaines par analogie avec le traitement des états réactionnels de type II. À 6 mois du début de la PCT, l’identification de la souche bactérienne montrait qu’il s’agissait de Mycobactérium leprae présentant une résistance primaire à la dapsone. Malgré l’évolution favorable, la dapsone était remplacée par l’ofloxacine. L’évolution était marquée par une disparition complète des lésions lépromateuses et une cicatrisation avec séquelles tégumentaires et motrices modérées.

Discussion

Le phénomène de Lucio est considéré comme un état réactionnel de type II à type de vascularite leucocytoclasique entraînant des nécroses cutanées délabrantes, habituellement observé au cours de lèpres lèpromateuses traitées en Amérique du sud en rapport avec la souche Mlepromatosis. Cette observation est originale sur plusieurs aspects : c’est le phénomène de Lucio qui a conduit au diagnostic d’une lèpre naïve de tout traitement ; cette réaction n’a jamais été rapportée aux Antilles françaises où les lèpres sont dues à MLeprae comme c’est le cas dans notre observation ; la biologie moléculaire a révélé une résistance primaire à la dapsone. Le traitement de cet état réactionnel rare, parfois létal, reste mal codifié faisant appel au thalidomide ou à la corticothérapie générale associés à la polychimiothérapie d’une lèpre lepromateuse.

Conclusion

Le phénomène de Lucio doit être évoqué devant un tableau de vascularite nécrosante même lorsque le diagnostic de lèpre est méconnu, notamment en zone d’endémie. Quand elle est réalisable, la biologie moléculaire permet de révéler les mutations en rapport avec les résistances bactériennes.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Lèpre, Phénomène de Lucio, Vasculite leucocytoclasique


Plan


 Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : https://doi.org/10.1016/j.annder.2019.09.462.


© 2019  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 146 - N° 12S

P. A283-A284 - décembre 2019 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Panaris multiples et résistants révélant un syndrome de vol vasculaire
  • M. Bouchaala, F. Smaoui, S. Ben Hmida, M. Koubaa, C. Marrakchi, H. Turki, M. Ben Jemaa
| Article suivant Article suivant
  • Fasciite nécrosante humaine à Nannizziopsis spp
  • H. Mascitti, M. Tourte, C. Charron, B. Pages, B. Villain, C. Rodaix, F. Coudert, S. Trad, J.-L. Gaillard, V. Tardy, A.-L. Roux, E. Salomon, M.-T. Duong, Y. Hababou, M.-E. Bougnoux-Andremont, E. Sitterle, A. Soavelomandroso, F. Lanternier, A. Dinh, I. Bourgault-Villada

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.