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Utilisation de l’azathioprine pour infertilité auto-immune : une expérience monocentrique - 22/11/19

Doi : 10.1016/j.revmed.2019.10.287 
S. Lejeune 1, , L. Bouillet 2, D. Alban 3
1 Médecine interne, CHU de Grenoble Alpes, La Tronche 
2 Médecine interne, CHU de Grenoble, Grenoble 
3 Médecine interne, CHU de Grenoble, La Tronche 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’infertilité humaine, décrite comme l’absence de grossesse après douze mois de rapports sexuels non protégés, intéresse 10 % des couples et est expliquée dans 80 à 90 % des cas par des facteurs génétiques, hormonaux, anatomiques et immunologiques. L’impact des maladies auto-immunes, telles que le syndrome antiphospholipide (SAPL) et le lupus érythémateux disséminé, sur la baisse de la fertilité est bien décrit. Cependant, la présence d’autoanticorps sériques sans critère de maladie auto-immune systémique est également rapportée chez des patientes avec une infertilité étiquetée « idiopathique ». L’emploi de la prednisone, l’aspirine ou l’hydrochloroquine pourrait selon certaines études améliorer la fertilité et prévenir les évènements obstétricaux chez ces patientes, mais peu de données sont disponibles sur l’utilisation de l’azathioprine. Nous rapportons une série de 7 femmes infertiles avec une auto-immunité sérique traitée par azathioprine pour obtenir une grossesse.

Observation

Les 7 patientes infertiles n’avaient jamais présenté de manifestation systémique. Les bilans d’infertilité des couples avaient éliminé les étiologies primaires d’infertilité. Trois patientes avaient des anticorps antinucléaires (ACAN) et 4 des anticorps antiphospholipides sans SAPL. Toutes les patientes avaient déjà tenté des grossesses sans succès sous hydroxychloroquine, prednisone et aspirine pour les celles présentant des ACAN et aspirine et HBPM pour celles avec des APL. L’azathioprine 2mg/kg par jour a été poursuivi pendant toute la grossesse sans complication infectieuse.

Les 3 patientes ACAN positifs sont tombées enceintes rapidement après l’introduction de l’azathioprine et ont pu mener leur grossesse à terme.

Le traitement immunosuppresseur a été poursuivi pendant toute la grossesse sans complication infectieuse ni fœtopathie, conformément aux données du Centre de référence sur les agents tératogènes. Les patientes avec des ACAN ont toutes accouché à terme. Par contre, chez les 4 patientes des APL aucune grossesse n’a pu être débuté.

Discussion

Le rôle de la présence d’autoanticorps sériques dans l’infertilité chez des femmes sans maladie systémique commence à être reconnu. Il est suggéré que les ACAN pourraient altérer la qualité de l’ovocyte et le développement de l’embryon, entraînant une réduction des taux de grossesse et d’implantation. Les APL auraient un rôle différent en reconnaissant les antigènes de surface du syncytiotrophoblaste et en entraînant son dysfonctionnement. L’azathioprine, est actuellement utilisé en traitement d’entretien dans de nombreuses pathologies dysimmunitaires. Elle est bien tolérée chez la femme enceinte sans fœtopathie ni problèmes chez le nouveau-né. Dans notre expérience, l’azathioprine semble remarquablement efficace pour mener à terme une grossesse chez les femmes ACAN+. Par contre, elle semble inefficace chez les femmes APL+. Cela va dans le sens d’une physiopathologie différente de l’infertilité entre ces 2 groupes de patientes.

Conclusion

Ces grossesses survenues dans un contexte d’infertilité auto-immune après introduction de l’azathioprine nous paraissent prometteuses. Les effets indésirables les plus fréquents sont hématologiques et hépatiques, dose-dépendants et réversibles, ce qui en fait un immunosuppresseur fréquemment utilisé et bien toléré, autorisé chez la femme enceinte. Une étude prospective avec groupe contrôle est nécessaire pour valider cette nouvelle stratégie thérapeutique.

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Vol 40 - N° S2

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