La nécessité de développer des études concernant les psychothérapies psychodynamiques a été renforcée par l’expertise Inserm Psychothérapies : trois approches évaluées qui en a montré le déficit en France. Dans la première partie de cet article, les auteurs rappellent les limites des études de troisième génération (modèle médical, utilisation des essais contrôlés randomisés (ECRs) et du DSM) sur lesquelles s’appuie ce rapport et les spécifications qui sont actuellement développées pour une nouvelle génération de recherches dans ce champ. La deuxième partie est consacrée à la présentation d’un protocole d’analyse processus–résultats développé par l’équipe de recherche, sur cette base, à partir de différentes propositions et de travaux antérieurs et en cours [J Clin Psychol 27 2 (1998) 217–26, J Pragm Case Stud 3 (2000), Arch Gen Psychiatry 59 (2002) 505–10, Psychother Res 12 3 (2002) 251–72 et Br J Psychiatry 165 (1994) 4–8]. La méthodologie utilisée est celle des cas isolés contrôlés. Elle associe des analyses qualitative et quantitative pour la formulation du diagnostic, les mesures initiales, intermédiaires et de terminaison. L’analyse de processus permet de caractériser, à différents temps, les grandes lignes de la psychothérapie menée. Le recueil des données est assuré par le clinicien, ses évaluations sont mises en relation et validées en groupe de pairs. Il devient ainsi possible d’appréhender les techniques utilisées réellement, non plus globalement ou sur la base de manuels a priori, mais sur celle de leurs facteurs spécifiques. Cette méthodologie a été testée au cours d’une phase pilote d’un an, dans des conditions de pratique réelle de la psychothérapie en cabinet. Les différentes phases de l’analyse sont présentées, intégrant dans un processus itératif cohérent tout au long de la thérapie, plusieurs outils d’observation, de formalisation et d’analyse des données. Chacun des instruments est défini dans ses apports et ses limites pour l’analyse des données (échelle santé-maladie (ESM), DSM, PQS, Hoglend, CORE…). Une analyse générale de la faisabilité de ce protocole et de l’intérêt clinique des résultats qui en sont issus est présentée. La troisième partie de cet article présente la structure générale d’une base de données permettant la collecte, la recherche et l’analyse du matériel issu des psychothérapies. Ce dispositif offre une double possibilité : pour les cliniciens de suivre l’évolution de leurs cas et de pouvoir éventuellement les comparer à des cas analogues, pour le chercheur de procéder à de véritables analyses comparatives reposant sur des psychothérapies menées en condition réelle et sur des descriptions suffisamment complètes pour qu’il soit possible d’en tirer des résultats significatifs.

A recent report of the French research institute INSERM, based on a comprehensive review of the work done on the evaluation of psychotherapies Psychothérapies : trois approches évaluées, has shown the lack of research in France on this topic, notably in psychodynamic psychotherapy. The developpement of such research is needed. The first part of the paper deals with the limits of the third generation of studies on psychotherapy (medical model, use of RCT, DSM…) on which the INSERM report is based and reviews the existing propositions for a fourth generation of research in the field.

In the second part, a process-outcome research protocol developped by the authors, according to these new proposals as well as several on-going researches [J Clin Psychol, 27 2 (1998) 217–26, J Pragm Case Stud 3 (2000), Arch Gen Psychiatry 59 (2002) 505–10, Psychother Res 12 3 (2002) 251–72 and Br J Psychiatry 165 (1994) 4–8] is presented. The proposed methodology is based on controled single case studies. Quantitative and qualitative data are associated for the definition of the diagnosis, as well as initial, intermediate and final measures. Process analysis is used to describe the main characteristics of the on-going psychotherapy at different moments in time. It is thus possible to gain access to what is really done during the therapy and not only to what is supposed to be done, based on a manual or even on the name of the theory used by the therapist.

This methodology was tested during a one-year pilot study, in true conditions of psychotherapy with outpatients. The different phases of the analysis are presented: several tools dedicated to the observation, formalisation and data analysis are integrated in a coherent iterative process during the whole therapy. The interests and limits of each tool (ESM, DSM, PPQS, Hoglend, CORE…) are described together with the first results of the pilot study.

The overall architecture of a database designed to collect, search and analyse data is provided in the last part of the paper.

This framework offers two possibilities at the same time: it provides therapists with the ability to follow the evolution of their cases and to compare them with similar cases. It provides researchers with the ability to drive true comparative analysis, based on psychotherapies conducted in real situations and on detailed-enough descriptions to obtain significant outcomes.