S'abonner

Récidive d’érythème pigmenté fixe bulleux généralisé chez le sujet âgé : un exemple d’erreur médicamenteuse grave évitable - 26/11/20

Doi : 10.1016/j.annder.2020.09.168 
C. Braesch 1, , O. Gaudin 1, 2, B. Lebrun-Vignes 3, C. Bernigaud 1, 4, C. Hua 1, N. Ortonne 4, 5, O. Chosidow 1, 2, 4, P. Wolkenstein 1, 2, 4, S. Oro 1, 2, 6
1 Dermatologie 
2 Centre de référence des dermatoses bulleuses toxiques et des toxidermies graves, hôpital Henri-Mondor, Créteil 
3 Pharmacovigilance, hôpital de la Pitié-Salpétrière, Paris 
4 Université Paris-Est Créteil Val-de-Marne 
5 Anatomopathologie, hôpital Henri-Mondor 
6 EA 7379 EpiDermE, université Paris-Est Créteil Val-de-Marne, Créteil, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

L’érythème pigmenté fixe bulleux généralisé (EPFBG) est une toxidermie sévère potentiellement mortelle chez les sujets âgés. Des médicaments d’usage très courant comme les antalgiques (AINS, paracétamol) et les antibiotiques (pénicillines) en sont fréquemment responsables. Nous rapportons 3 cas, dont 2 fatals, d’EPFBG récidivants évitables chez des sujets âgés, soulignant la problématique des erreurs médicamenteuses à cet âge.

Matériel et méthodes

Les patients vus entre 2017 et 2019 pour un EPFBG et ayant un antécédent similaire au(x) même(s) médicament(s) suspect(s), ont été inclus. L’EPFBG était défini cliniquement (macules érythémateuses en patchs bien limités à centre bulleux sur plusieurs territoires). L’histologie était en accord (dermite de l’interface et nécrose épidermique) et l’immunofluorescence directe négative.

Résultats

Trois patients ont été inclus (2 hommes, âge 80 à 96 ans). Les délais entre le 1er EPFBG et la récidive étaient de 3, 7 et 24 mois. Les médicaments suspects pour les 2 épisodes étaient le paracétamol (cas 1 et 2), un AINS non précisé (cas 2), l’amoxicilline-acide clavulanique et l’énoxaparine (cas 3). Après le 1er épisode, l’information sur les contre-indications avait été transmise au patient, à sa famille et au médecin généraliste : compte rendu, carte d’allergie, inscription dans le dossier informatique hospitalier. La réintroduction a été le fait du patient lui-même par auto-médication dans 2 cas (1 et 2), et d’une prescription aux urgences sans consultation du dossier informatique alors que le patient rapportait être allergique à des médicaments (cas 3). La surface décollée était supérieure lors du 2e épisode (20 à 50 %) par rapport au 1er (2 à 6 %). Les patients 2 et 3 sont décédés de complications infectieuses et de décubitus.

Discussion

L’EPFBG est une toxidermie grave, voire létale par syndrome de défaillance cutanée chez les patients âgés. S’ils sont diagnostiqués, des épisodes précessifs permettent d’identifier le médicament responsable. Les erreurs médicamenteuses sont fréquentes dans cette population fragile. L’automédication, notamment aux antalgiques, est répandue. Le paracétamol, inducteur classique d’EPFBG, n’est souvent pas considéré comme un médicament, encore moins comme l’objet d’une contre-indication. Les troubles mnésiques et la multiplicité des génériques peuvent aggraver le risque de reprise d’un coupable antérieur. Quant aux pénicillines, elles peuvent faire l’objet d’erreur de prescription par méconnaissance ou sous-estimation de la gravité de l’allergie déclarée. Ces cas sont survenus malgré une information correcte du patient, de l’entourage et une inscription dans le dossier informatique. Les systèmes d’alerte en cas d’allergie doivent être optimisés. Une vigilance accrue est nécessaire chez les sujets âgés chez qui ces toxidermies graves, voire fatales, sont parfois évitables.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Erreur médicamenteuse, Érythème pigmenté fixe bulleux généralisé, Toxidermie


Plan


© 2020  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 147 - N° 12S

P. A163 - décembre 2020 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Caractérisation des principaux biais des associations médicament–nécrolyse épidermique : étude de pharmacovigilance à partir des données de Vigibase
  • T. Bettuzzi, B. Lebrun-Vignes, L. Le Cleach, P. Maison, N. de Prost, P. Wolkenstein, S. Oro, E. Sbidian
| Article suivant Article suivant
  • Efficacité de l’étanercept dans les toxidermies sévères : 3 cas
  • S.T. Colin, A. Marzouki-Zerouali, P. Evon, M. Mariano-Bourin, A.-C. Bursztejn

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.

Déjà abonné à cette revue ?

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.