Syndrome de Stevens-Johnson secondaire à une infection à SARS-CoV-2 - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
Les manifestations cutanées liées au SARS-coV-2 sont à ce jour peu connues et souvent sans gravité. Nous rapportons ici le premier cas de syndrome Stevens-Johnson (SJS) associé à une infection à SARS-coV-2.
Observations |
Une enfant de 7 ans était traitée par paracétamol et oxomémazine pour une rhinite allergique. À J5, une hyperthermie était observée, suivie d’un érythème des joues. Devant une généralisation de l’éruption, la patiente était prise en charge aux urgences où l’examen clinique mettait en évidence un exanthème bulleux, avec des érosions cutanées touchant majoritairement le tronc, les membres supérieurs et le visage avec signe de Nikolski positif. Des érosions des muqueuses orales, génitales et une conjonctivite étaient observées. Le tableau se compliquait d’une détresse respiratoire à la suite d’une laryngoscopie, 48h après son hospitalisation. La patiente était alors intubée pendant 7jours. En réanimation, la survenue d’une kératoconjonctivite érosive à fausse membrane et de symblépharons temporaux nécessitait la réalisation d’une double greffe de membrane amniotique et la pose d’anneaux de symplépharon. À son paroxysme, l’éruption touchait 60 % du tégument avec 10 % de surface décollée. Les hypothèses diagnostiques étaient celles d’un SJS médicamenteux ou infectieux. Le SJS était confirmé par l’histologie cutanée qui trouvait des bulles sous épidermiques avec nécroses kératinocytaires. Dans un contexte de pandémie, chez une patiente avec symptômes respiratoires et pyrexie, la PCR SARS-Cov-2 était réalisée et positive. Un scanner objectivait une atteinte pulmonaire compatible avec une infection à SARS-Cov-2. Les résultats sérologiques et PCR à la recherche de mycoplasma pneumoniae et d’autres causes infectieuses étaient négatifs. L’hypothèse médicamenteuse était improbable au vu du score chronologique, le diagnostic de SJS secondaire à une infection à SARS-Cov-2 était retenu. L’évolution cutanée était rapidement favorable. Un symblépharon et une photophobie séquellaire persistaient.
Discussion |
Dans les cas pédiatriques de SJS, une origine infectieuse est trouvée dans un tiers des cas. L’infection à SARS-Cov-2 symptomatique est rare en pédiatrie. Chez l’enfant, les manifestations cutanées rapportées sont des engelures, des érythèmes polymorphes, des éruptions urticariennes et papulo-vésiculeuses ou encore des exanthèmes maculo-papuleux. Des syndromes de Kawasaki atypique en lien avec une infection à SARS-Cov-2 ont également été décrits. À ce jour, aucune éruption cutanée grave comme celle présentée par notre patiente n’a été décrite. Les manifestations cutanées de la COVID-19 sont le plus souvent bégnines et sans incidence pronostic ou fonctionnelle. Cependant, ce SJS en lien avec une infection à SARS-Cov-2 montre l’importance de la prise en charge par un dermatologue pour repérer les éventuels signes de gravité et prévenir les séquelles.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : COVID19, SARS-Cov-2, Syndrome de Stevens-Johnson
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A202-A203 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.