Nævus de Spitz agminés sur peau saine avec mutation originale de HRAS - 26/11/20
Résumé |
Introduction |
Le nævus de Spitz (NS) se présente classiquement sous la forme d’une tumeur solitaire, les formes agminées (NSA) et éruptives étant rares. Le groupe des NS a récemment été démantelé grâce à la mise en évidence de multiples anomalies moléculaires (mutations de HRAS, Alk…) permettant d’individualiser des sous-groupes avec des présentations histologiques, cliniques et pronostiques différentes. Nous présentons le cas d’un enfant atteint de NSA de l’hémiface avec mutation HRAS_Q61R jamais décrite dans ce contexte.
Observations |
Un enfant de 2 ans présentait de multiples papules brunes hémifaciales droites (nez, joue, oreille et région rétro-auriculaire), apparues dans les premiers mois de vie. Il n’y avait pas d’autre lésion cutanée, en particulier pas de trouble pigmentaire. Les parents de l’enfant avaient noté le caractère évolutif récent d’une lésion située dans le sillon naso-génien. L’aspect clinique était évocateur de NS. L’exérèse chirurgicale de la lésion évolutive était pratiquée. L’analyse histologique confirmait le diagnostic de NS de type desmoplastique, sans atypie. L’analyse en biologie moléculaire révélait après étude en RNA-Seq une mutation HRAS_Q61R. De nouvelles lésions cutanées apparaissant dans le même territoire, une surveillance clinique était préconisée.
Discussion |
Le gène HRAS joue un rôle important dans la régulation de la prolifération cellulaire. Les mutations de HRAS concernent 15 % des NS. Elles sont de très bon pronostic, car rares dans le mélanome (<1 %). Les mutations touchant l’exon 3 du gène (HRAS_Q61K ou HRAS_Q61R) ont été décrites dans les NS isolés de phénotype desmoplastique. Les NSA apparaissent chez des enfants de moins de 2 ans dans 62 % des cas et affectent le visage dans 21,4 % des cas. Ils surviennent le plus souvent sur une peau hyperpigmentée, notamment sur nævus spilus, moins souvent sur peau normale ou hypopigmentée. Le nævus spilus appartient également aux RASopathies, la mutation la plus fréquente dans ce cas concernant l’exon 2 du gène (HRAS_G13R). Nous avons trouvé dans la littérature seulement 4 patients porteurs de NSA ayant bénéficié d’une analyse génétique (3 cas sur nævus spilus et un cas sur peau normo-pigmentée). Dans tous les cas, une mutation HRAS_G13R de l’exon 2 était trouvée. L’hypothèse émise est celle d’un clone post-zygotique avec une mutation de HRAS induisant la formation d’un nævus spilus, avec formation secondaire de NSA par 2e hit mutationnel. Notre cas et celui déjà décrit de NSA développés sur peau normo-pigmentée soulèvent l’hypothèse d’un nævus spilus sous-jacent invisible par anomalie de la mélanogénèse. Ainsi, nous rapportons le premier cas de NSA exprimant une mutation originale HRAS_Q61R jamais décrite dans ce contexte. Cette mutation est habituellement trouvée dans le NS solitaire. Notre observation est en faveur d’un continuum entre NS desmoplastique solitaire, NSA et nævus spilus.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Nævus de Spitz, RASopathie
Plan
Vol 147 - N° 12S
P. A265-A266 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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