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Intoxications professionnelles aux holothuries, à propos de trois cas - 26/02/21

Doi : 10.1016/j.toxac.2020.10.057 
L. Dufayet 1, 2, 3, , D. Vodovar 1, 2, 4, M. Ameltchenko 1, L. De Haro 5, J. Langrand 1
1 Centre Antipoison de Paris–Fédération de toxicologie de l’APHP (FeTox), Hôpital Fernand-Widal - APHP, Paris, France 
2 Inserm UMR-S 1144, Faculté de Pharmacie, Paris, France 
3 Unité Médico-Judiciaire, Hôpital Hôtel-Dieu - APHP, Paris, France 
4 UFR de médecine, Université de Paris, Paris, France 
5 Centre Antipoison de Marseille–APHM, Marseille, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Objectif

Décrire une série originale de cas d’intoxications professionnelles ayant eu lieu dans une usine de conditionnement d’holothuries (aussi appelées concombres de mer).

Description des cas

Suite à une panne dans la chaine de traitement habituel, les holothuries ont été coupées puis éviscérés manuellement, avec des gants mais sans masque. Trois salariées, âgées de 39, 40 et 47 ans, ont présenté des symptômes irritatifs : sensation de brulure oculaire, toux sèche, érythème et éruption maculo-papuleuse du visage et des avant-bras. Elles ont bénéficié d’une décontamination oculaire et cutanée à l’eau courante, puis d’un traitement symptomatique par bronchodilatateurs, corticoïdes et anti histaminiques. Les examens complémentaires réalisés (bilan biologique standard, radiographie du thorax, ECG et test à la fluorescéine) retrouvaient une polynucléose neutrophile pour deux d’entre elles. Les trois patientes ont néanmoins été hospitalisées. La première en raison d’une toux incoercible et d’un pic fébrile. Les deux autres présentaient un antécédent de bronchopneumopathie chronique obstructive pour l’une et d’asthme pour l’autre, elles ont été hospitalisées afin de s’assurer de l’absence d’exacerbation de leurs pathologies. Elles ont toutes pu regagner leurs domiciles moins de 48h après les faits.

Discussion

En Asie, les holothuries sont connues sous le nom de trepang et sont réputées pour leurs qualités nutritives et aphrodisiaques. L’entreprise concernée ici conditionne l’espèce Cucumaria Frondosa, la plus répandue dans les mers du Nord. Les holothuries synthétisent des glycosides proches des saponines, les holothurines. La toxicité de ces holothurines est variable en fonction de l’espèce, mais également au sein des différents organes d’un même animal. Alors que la littérature médicale ne rapporte que de rares cas de toxicité humaine (conjonctivites, cécité et dermatites de contact [1]), des cas de décès suite à l’ingestion d’holothuries ont été rapportés dans la presse grand public [2]. Ici, les patientes ont été exposées de manière inhabituelle aux parties de l’animal contenant le plus de toxines, et ce sans protection particulière. Le mécanisme de toxicité est probablement mixte, avec une composante irritative mais aussi allergique ainsi que cela a été décrit lors d’expositions professionnelles aux fruits de mer [3]. Malheureusement, ces cas n’ont été que modestement documentés et aucun test allergologique n’a été réalisé. Une meilleure prévention de cette exposition professionnelle atypique apparaît ainsi indispensable, par le port de vêtements couvrants et le capotage des bacs de concombres de mer. Ces trois accidents de travail ont permis de revoir les mesures de prévention collective et individuelles, le port du masque ainsi que de gants de protection sont maintenant obligatoires.

Conclusion

Nous rapportons ici trois cas d’intoxications professionnelles par les holothuries.

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Vol 33 - N° 1

P. 26 - mars 2021 Retour au numéro
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