Brûlure cutanée par poppers : une localisation inattendue - 26/02/21
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Résumé |
Objectif |
Les consommateurs de poppers (nitrites aliphatiques volatiles), conditionnés en petits flacons à inhaler, recherchent des effets aphrodisiaques (érection, orgasme) mais aussi des effets psychoactifs (euphorie, désinhibition…) d’apparition rapide et de courte durée (10 à 15 minutes). En 2017 en France, près de 10 % de la population a expérimenté ce produit à nouveau en vente libre depuis 2013 (9 % des jeunes de moins de 17 ans et 7 % des adultes) [1 ]. Nous relatons le cas d’une patiente de 21 ans, 85kg, sans antécédent médical notable, qui a présenté des lésions cutanées au niveau du sein après un contact prolongé.
Méthode |
Documentation et description du cas clinique signalé au CAPTV Est.
Historique du cas |
L’exposition est survenue en boîte de nuit. Après avoir utilisé le produit, la patiente le place dans son soutien-gorge où se réalise un écoulement du contenu du flacon mal refermé. Le contact est bref (3 à 5 minutes) mais le liquide imprègne le sous-vêtement. La patiente décrit l’apparition rapide de signes mineurs classiques de l’utilisation d’un poppers à type de céphalées, nausées et asthénie. Le déshabillage et le rinçage ont lieu à H6 : à ce moment, la patiente ne présente ni douleur ni rougeur locale. L’apparition à H12 d’une brûlure du 1er degré associant douleur et érythème la conduit le jour même au service d’accueil des urgences qui prescrit l’application d’une émulsion hydratante (Biafine®). Entre j2 et j7, la patiente consulte à 2 reprises suite à l’extension de la zone inflammatoire entraînant la prescription d’un traitement par tulle gras et antibactérien topique (sulfadiazine argentique) sans amélioration de la symptomatologie. Contacté à j8, le centre antipoison Est préconise une consultation immédiate devant l’aspect des lésions sur les photographies partagées à distance. La consultation n’intervient qu’à j10 auprès du médecin traitant qui diagnostic une lymphangite surinfectée motivant une antibiothérapie par pristinamycine et des pansements hydrocolloïdes. Un mois après l’exposition, la persistance d’un érythème nécessite toujours des soins locaux.
Discussion |
Lors d’accidents d’inhalation, l’exposition cutanée à des poppers conduit classiquement à une dermatite de contact suppurante souvent localisée au niveau des ailes du nez et de la lèvre supérieure associant un érythème et des croûtes jaunâtres [2 ]. La gravité du cas ici rapporté s’explique par la convergence de plusieurs facteurs : le caractère lipophile et irritant (hydrolyse en acide nitreux au contact de l’eau tissulaire) du nitrite aliphatique et sa capacité à libérer du monoxyde d’azote (vasodilatateur et pro-apoptotique). Les circonstances (contact prolongé, retard de décontamination) et la localisation (vascularisation de la glande mammaire, zone de frottements, macération) se surajoutent à l’effet propre du produit.
Conclusion |
Le cas observé est en cohérence avec la symptomatologie attendue liée à l’effet irritant des poppers, mais la localisation et les circonstances sont atypiques, interrogeant sur la prévention possible auprès du grand public des effets mal connus des utilisateurs. Les pratiques émergentes telles que le « Chemsex », notamment chez les jeunes, conduisent à banaliser l’utilisation de produits en vente libre mais de toxicité non négligeable, y compris en exposition cutanée.
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Vol 33 - N° 1
P. 33-34 - mars 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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