Infiltrat myéloïde clonal identifié par next generation sequencing dans les lésions cutanées associées aux syndromes myélodysplasiques et leucémies myélomonocytaires chroniques - 11/06/21
MINHEMON
Résumé |
Introduction |
Les syndromes myélodysplasiques (SMD) et les leucémies myélomonocytaires chroniques (LMMC) sont associés à des manifestations systémiques dans 10 à 30 % des cas. Chez la moitié de ces patients, des manifestations cutanées apparaissent dans l’évolution, dont la physiopathologie est encore mal connue. Des études utilisant l’hybridation par fluorescence in-situ dans les dermatoses neutrophiliques satellites des SMD et leucémies aiguës myéloïdes et dans les myelodysplasia cutis ont permis de mettre en évidence des anomalies chromosomiques partagées entre les cellules hématopoïétiques et l’infiltrat cutané. Des données récentes de NGS sur des lésions de syndrome de Sweet et dans un cas de myelodysplasia cutis pointaient également la présence d’un infiltrat cutané clonal. Toutefois ces observations de NGS étaient restreintes au syndrome de Sweet et à un cas de myelodysplasia cutis. L’objectif de notre étude était d’analyser par NGS la relation clonale entre les lésions cutanées et l’hémopathie des patients atteints de SMD/LMMC.
Matériels et méthodes |
Des analyses par NGS ont été réalisées sur prélèvements sanguins et/ou médullaires et biopsies de peau de 14 patients adressés dans nos services pour lésions cutanées dans un contexte de SMD/LMMC. Une analyse par Sanger du gène UBA1 sur tissus hématopoïétques a été réalisée chez 12 patients et sur tissu cutané chez une patiente. Les infiltrats myélomonocytaires spécifiques de la LMMC ont été étiquetés LMMC cutis. Les leukemia cutis (infiltrat blastique) ont été exclus.
Résultats |
Parmi les 14 patients, les lésions cutanées ont précédé le diagnostic de SMD/LMMC chez 5 d’entre eux. Ils présentaient un IPSS-R médian de 2,3 (0,6-5,1). Les diagnostics clinico-histologiques les plus fréquents étaient ceux de syndrome de Sweet histiocytoïde (n=4) et de LMMC cutis (n=5, dont 2 associés à une maladie d’Erdheim Chester). Les autres patients présentaient une maladie de Kikuchi-Fujimoto (n=1), une folliculite neutrophilique (n=1), un érythe noueux (n=1), un pyoderma gangrenosum (n=1) et un livedo reticularis extensif sans anomalie spécifique en histologie (n=1). Parmi les 14 patients recrutés, des mutations ont été retrouvées dans les biopsies cutanées de 12 d’entre eux. Les NGS négatives concernaient les patients avec la maladie de Kikuchi-Fujimoto et le livedo. La plupart des patients avaient une variant allele frequency (VAF) élevée (>10 %) dans l’infiltrat cutané. Il n’a pas été trouvé de mutation récurrente hormis TET2 (n=4) et DNMT3A (n=4), toutes 2 fréquentes dans les SMD/LMMC. L’analyse par Sanger a permis de mettre en évidence une mutation UBA1 sur tissu hématopoïétique chez 2 patients avec syndrome de Sweet histiocytoïde associé à une polyarthrite fébrile.
Conclusion |
Les lésions cutanées observées dans les SMD et LMMC sont associées à un infiltrat leucocytaire clonal dans la majorité des cas. Nos résultats mettent en évidence que cet infiltrat clonal concerne également des dermatoses neutrophiliques hors Sweet et histiocytaires et ne sont pas restreintes au syndrome de Sweet et au myelodysplasia cutis. Notre étude est limitée par son nombre de patients, le recueil rétrospectif de certaines données et le prélèvement cutané différé par rapport au prélèvement sanguin chez 2 patients.
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Vol 42 - N° S1
P. A50 - juin 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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