Péricardite lupique: caractéristiques, prise en charge, évolution et facteurs prédictifs de rechute. Une étude de cohorte rétrospective - 24/11/21
Résumé |
Introduction |
La péricardite est fréquente au cours du lupus, et habituellement bénigne. L’évolution et la prise en charge thérapeutique de la péricardite lupique non grave sont toutefois peu étudiées. L’objectif de notre étude était de décrire la péricardite lupique, sa prise en charge, son évolution et les facteurs de risque de rechute dans notre Centre Hospitalier Universitaire.
Matériels et méthodes |
Il s’agissait d’une étude rétrospective de janvier 1997 à décembre 2019. Les cas de péricardite lupique motivant une consultation ou une hospitalisation étaient sélectionnés à partir de la base de données du PMSI. L’inclusion définitive dans l’étude nécessitait: un diagnostic de lupus (critères ACR/EULAR 2019), associé à un diagnostic de péricardite (critères de la ESC 2015), et un suivi d’au moins 1 an. Les patients étaient exclus en cas de facteur confondant potentiellement à l’origine de péricardite (notamment infection, insuffisance rénale terminale, dialyse,…) ainsi qu’en cas de myo-péricardite. Les courbes de survies étaient décrites par un modèle de survie actuarielle. Le faible effectif n’a pas permis une analyse multivariée.
Résultats |
Parmi 103 patients identifiés dans la base de données du PMSI, 29 (dont 25 femmes), ont été inclus et suivis durant 1 à 21 ans (médiane: 7 ans). À la première poussée de péricardite: l’âge moyen était de 36 ans±16. Neuf épisodes (31 %) inauguraient le lupus. Les autres survenaient après un suivi médian de 65 mois [extrêmes: 1,7- 400,0]. Dans 55 % des cas (n=16), il s’agissait d’une poussée multi-systémique. Le score SLEDAI-2K médian était de 9 [4-30]. Au plan clinique, 27 patients (93 %) présentaient une douleur thoracique typique, 16 (55 %) une dyspnée, 9 (31 %) un frottement péricardique, 11 (38 %) de la fièvre. Cinquante-neuf pour cent des ECG étaient pathologiques (9 avec aplatissement de l’onde T, 4 avec un sus-décalage du ST, 2 avec un micro-voltage, 7 avec un sous-décalage du PQ). L’épanchement était présent chez 22 patients (76 %), minime à modéré (<20mm) chez 18 (62 %). On comptait 7 péricardites sèches (25 %), dont 2 confirmées grâce à l’IRM. Le complément était rarement consommé (C3: 21 %; C4: 26 %) et 79 % des patients présentaient des anti-DNA. La CRP était généralement élevée (médiane: 65mg [7-460]). Les traitements prescrits durant le premier épisode étaient: AINS/AAS (n=12, 41 %); glucocorticoïdes (n=19, 66 %) (posologie moyenne quotidienne d’équivalent prednisone: 57,2mg±13,9), colchicine (n=12, 41 %). La colchicine pouvait être associée aux AINS/AAS (n=7, 24 %) ou aux corticoïdes (n=4, 14 %). Tous les patients recevaient au moins la posologie quotidienne minimale recommandée de colchicine (0,5 ou 1mg/j). Seuls 5 patients ont reçu au moins 3 mois de colchicine. Le score SLEDAI-2K médian était de 7 [4-9] chez les patients traités 3 mois ou plus par colchicine contre 11 [4-30] chez les autres (p=0,04). Dix-sept patients étaient pré-exposés aux antipaludéens de synthèse (59 %), contre 5 introductions au décours (17 %). Le recours aux immunosuppresseurs (n=5) était justifié par des atteintes extra-péricardiques concomitantes. Un patient atteint de tamponnade et deux avec pré-tamponnade ont bénéficié d’un traitement invasif (2 fenêtres péricardiques, 1 péricardiocentèse). Les récurrences étaient fréquentes (55 %) et multiples, de 1 à 6 par patient rechuteur (médiane: 2). La moyenne du taux d’incidence de récurrences après un premier épisode était de 2.7 pour 10 patients-années La survie sans rechute à 1 an chez les patients exposés à au moins 3 mois de colchicine au premier épisode était de 100 % contre 75 % chez les autres patients (p=0,09). L’évolution vers une péricardite récurrente dans la première année n’était pas différente, que les patients soient traités (n=19) ou non (n=10) par corticoïdes (p=0,78). Nous n’avons pas observé d’évolution vers la constriction.
Conclusion |
Cette étude confirme la fréquence des récurrences dans la péricardite lupique. Le traitement par AINS/AAS (± colchicine) parait suffisant chez certains patients. L’usage prolongé (>3 mois) de colchicine pourrait être utile pour prévenir les récurrences. Ce bénéfice est à établir par des études prospectives.
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Vol 42 - N° S2
P. A342-A343 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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