Actuellement, plus de 11 millions de personnes sont incarcérées dans le monde. Cette population est particulièrement exposée aux problèmes de santé mentale puisque des prévalences élevées pour les troubles psychiatriques en prison sont bien documentées dans de nombreux pays, y compris les pays en développement. Les travaux épidémiologiques indiquent notamment une surreprésentation de l'épisode dépressif caractérisé, des troubles psychotiques, du trouble de stress post-traumatique, des troubles de l'usage de substances et, dans une moindre mesure, des troubles neuro-développementaux. En outre, la co-occurrence de plusieurs troubles psychiatriques et de l'usage de substance constitue davantage la règle que l'exception en milieu pénitentiaire. Suicides et automutilations sont également plus fréquents chez les personnes incarcérées par rapport aux personnes de même âge et de même sexe en population générale. Au sein de la population carcérale, les femmes, les mineurs et les personnes âgées de plus de 55 ans apparaissent comme des sous-groupes particulièrement vulnérables à l'ensemble de ces problématiques. Les personnes souffrant de troubles psychiatriques peuvent rencontrer des difficultés à faire face aux nombreux facteurs de stress qui caractérisent l'environnement carcéral (violence, victimisation, isolement, etc.). Ces constats ont abouti au développement progressif de dispositifs de soins psychiatriques dédiés aux personnes détenues en France. L'équivalence des soins à l'intérieur et à l'extérieur de la prison, l'indépendance vis-à-vis du système judiciaire, le respect du secret médical et le consentement libre et éclairé sont des principes éthiques fondamentaux de la pratique psychiatrique en milieu carcéral. De la même façon qu'en milieu libre, le respect des recommandations doit guider la pratique, que ce soit pour le dépistage, l'évaluation ou les soins. Enfin, le suivi psychiatrique à la libération doit être envisagé dès le début de la prise en charge en détention.