Valeur pronostique de l’aortite au diagnostic dans l’artérite de Takayasu - 16/06/22
Résumé |
Introduction |
L’Artérite de Takayasu (AT) est une vascularite des gros vaisseaux touchant principalement les femmes de 25 à 40 ans et est plus fréquente en Asie. Ses facteurs pronostiques sont, à ce jour, mal connus. L’atteinte aortique est une des manifestations emblématiques de la maladie et touche entre 65 et 95 % des patients de la littérature. Cependant, l’aortite comme entité propre n’a jamais été étudiée pour sa valeur pronostique.
Matériels et méthodes |
Les patients atteints d’AT répondant aux critères ACR ou de Sharma suivis au CHU de Nantes ont été inclus pour analyser leurs caractéristiques initiales et leur évolution en fonction de la présence ou non d’une aortite au diagnostic. L’aortite était définie, en tomodensitométrie ou en imagerie par résonance magnétique, par un épaississement pariétal supérieur ou égal à 2,2mm.
Les patients ont été comparés selon leurs caractéristiques cliniques et biologiques au diagnostic ainsi que le recours aux traitements. Les rechutes et les évènements vasculaires au cours du suivi ont fait l’objet d’une analyse de survie censurée à 60 mois, selon un modèle de Cox (test du log-rank).
Résultats |
Sur les 43 patients inclus, 23 étaient atteints d’aortite (groupe A+, 53 %) contre 20 sans aortite (groupe A-). Les patients étaient caucasiens en majorité86 %). Les AT de type I (47 %) et de type V (37 %) de Tokyo étaient les plus fréquentes. L’atteinte aortique thoracique (47 %) était légèrement plus fréquente que l’atteinte abdominale (33 %)
Le groupe A+ présentait une CRP plus élevée (84,0 vs 34,2mg/L, p=0,01), plus de signes ostéoarticulaires (30 % vs 5 %, p=0,03), de péricardites (26 % vs 0 %, p=0,01), de douleurs thoraciques (22 % vs 0 %, p=0,03) ou abdomino-lombaires (43 % vs 5 %, p=0,004) au diagnostic. Les patients du groupe A- avaient plus souvent été diagnostiqués avant 2008 (p=0,008).
L’atteinte vasculaire des troncs supra aortiques était comparable dans les 2 groupes (p=0,09). Les patients avec aortite avaient plus d’atteintes iliaques (39 % vs 10 %, p=0,03) et artérielles viscérales (64 % vs 25 %, p=0,02). L’atteinte du tronc artériel brachiocéphalique concernait uniquement les patients du groupe aortite (61 % vs 0 %, p=0,0001). La typologie des lésions était quant à elle similaire dans les 2 groupes (épaississements : 100 % dans les 2 groupes, p>0,99 ; sténoses : 78 % vs 85 %, p=0,57 ; occlusions : 26 % vs 40 %, p=0,33 ; dilatations : 26 % vs 5 %, p=0,06). La maladie thromboembolique veineuse concernait 26 % des patients du groupe A+ contre 5 % dans le groupe A-, différence non significative (p=0,06).
L’aortite était associée à un recours plus fréquent à la corticothérapie (p=0,0001) et aux immunosuppresseurs (p=0,0001). Le reste des traitements était comparable. Les patients du groupe A+ présentaient significativement plus de rechutes au cours du suivi (p<0,0001). Le Hazard Ratio pour la survenue d’une rechute dans le groupe A+ était de 20,2 [7,4–54,4]. Il n’y avait pas de différence sur la survenue d’évènements vasculaires (p=0,8).
Discussion |
Dans l’AT, peu de facteurs pronostiques sont connus actuellement. Le sexe masculin, l’élévation de la CRP et la présence de carotidodynies avaient associés à la survenue d’une rechute dans une cohorte française de 318 patients. L’atteinte de l’aorte thoracique, la présence d’un rétinopathie et l’évolution progressive au diagnostic étaient associés aux complications vasculaires.
Notre étude est, quant à elle, la première identifiant un caractère pronostique péjoratif de l’aortite au diagnostic en termes de rechutes dans l’AT.
Si ces résultats sont confirmés sur d’autres cohortes, l’introduction d’un immunosupresseur dès le diagnostic pourrait se discuter chez ces patients.
Conclusion |
Dans cette étude, l’aortite au diagnostic de l’AT était associée à la survenue de rechutes, au recours à la corticothérapie et aux traitements par immunosuppresseurs, mais pas à la survenue d’évènements vasculaires au cours du suivi.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 43 - N° S1
P. A123-A124 - juin 2022 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?