L’idée d’un déficit global d’imitation dans l’autisme existe depuis de nombreuses années. Actuellement, de plus en plus de travaux amènent à nuancer cette idée en montrant que même les enfants avec les profils autistiques les plus sévères sont capables d’imiter sous certaines conditions. Toutefois, nous ne disposons pas encore de données longitudinales relatives aux trajectoires développementales des différentes formes d’imitation chez les enfants présentant un TSA. Ainsi, l’objectif de cette étude est : 1) d’étudier les trajectoires développementales de l’imitation spontanée, de l’imitation provoquée et de la reconnaissance d’être imité.e. chez des enfants ayant un TSA ; 2) d’identifier les facteurs intra-individuels associés aux performances imitatives mesurées ; et 3) d’examiner les relations entre chacune des trois formes d’imitation évaluées et le développement cognitif et communicatif.

Quatorze enfants ayant un TSA, âgés entre 3 ans 8 mois et 9 ans 4 mois, ont été inclus dans cette étude. Un design longitudinal, impliquant trois temps de mesures sur une période de 16 mois, a été mis en place. L’échelle de Nadel a été utilisée pour évaluer l’imitation spontanée, l’imitation provoquée et la reconnaissance d’être imité.e. Le Profil psycho-éducatif et le test non verbal d’intelligence de Snijders-Oonen ont permis d’évaluer le développement cognitif et communicatif.

Les enfants progressent sur chacune des trois composantes de l’imitation, bien qu’une hétérogénéité des trajectoires évolutives soit constatée. Les avancées les plus importantes se situent au niveau de l’imitation provoquée. Les compétences motrices, le niveau cognitif et l’intensité des comportements autistiques au début de l’étude sont corrélés aux compétences imitatives ultérieures des enfants. L’âge chronologique, en revanche, ne l’est pas. Le développement cognitif et communicatif corrèle plus fortement avec l’imitation spontanée et la reconnaissance d’être imité.e, qu’avec l’imitation provoquée.

Quel que soit leur âge, les enfants présentant un TSA peuvent progresser dans les différentes formes d’imitation. Cela témoigne de l’intérêt d’évaluer régulièrement leurs compétences dans ce domaine, notamment pour leur proposer un programme d’entraînement individualisé. Sur ce point, nos résultats soulignent la nécessité de ne pas se centrer exclusivement sur l’entraînement à l’imitation sur commande, mais également de soutenir la communication par l’imitation.

The idea of a global imitation deficit in autism has existed for many years. Actually, a growing body of research is nuancing this idea by showing that even children with the most severe autistic profiles are able to imitate under certain conditions. However, we do not yet have longitudinal data on the developmental trajectories of different forms of imitation in children with ASD. So, the aim of the present study is: 1) to investigate the developmental trajectories of spontaneous imitation, elicited imitation, and imitation recognition in children with ASD; 2) to identify intra-individual factors associated with measured imitative performance; and 3) to examine the relationships between each of the three forms of imitation assessed and cognitive and communicative development.

Fourteen children with ASD aged between 3 years 8 months and 9 years 4 months were included in this study. A longitudinal experimental design involving three measurement times over a 16-month period was implemented. Nadel's imitation scale was used to assess spontaneous imitation, elicited imitation and imitation recognition. The Psycho-Educational Profile and the Snijders-Oonen non-verbal intelligence test were administered to assess cognitive and communicative development.

Children made significant progress over time on each of the three components of imitation, although we noted a heterogeneity of the developmental trajectories. The greatest gains were in elicited imitation. Motor skills, cognitive level and intensity of autistic behaviors at the beginning of the study significantly correlated with children's later imitative skills. Chronological age, however, was not. Cognitive and communicative development correlated more strongly with spontaneous imitation and imitation recognition than with elicited imitation.

Regardless of their age, children with ASD can progress in different forms of imitation. This underlines the value of regularly evaluating their skills in this area, in particular to offer them an individualized training program. On this point, our results illustrate the need not to train exclusively elicited imitation, but also to support communication through imitation.