S'accorder sur une définition internationale de la négligence pour mieux la connaître et la reconnaître est un préalable essentiel à toute prévention. Cet article a pour ambition d'y contribuer. Nous ferons une revue de l'état des connaissances avant d'exposer les conséquences immédiates et à long terme. La négligence est l'absence de soins appropriés pour assurer le développement de l'enfant dans des conditions de sécurité psychique et physique. Lorsque cette absence de soins adaptés est provisoire, l'impact est réversible. La négligence n'est pas circonstancielle ; elle est chronique, répétitive, s'installe très précocement pour des effets à long terme. Elle se développe dans un contexte systémique. C'est, parmi les maltraitances, la plus fréquente, et celle qui a l'impact le plus lourd sur le développement global de l'individu (cognition, croissance, développement psychomoteur, langage, comportement, relationnel, troubles de l'attachement, etc.). Elle affecte profondément la parentalité, et se transmet trop souvent de génération en génération. Évaluer pour mettre en place les aides, les programmes et les interventions selon les besoins de l'enfant et de ses parents est une étape primordiale qui exige l'usage d'un outil cohérent et partagé. Le guide de Steinhauer, en langue française, nous paraît particulièrement adapté. Il vient étayer l'usage du concept de négligence ; sa dimension clinique oblige à une objectivation fine et multidimensionnelle. Son utilisation demande un partenariat multidisciplinaire pour prendre les décisions adaptées et prévenir le développement de troubles sévères. Les interventions sont multiples, progressives et concertées. La pédopsychiatrie y a une place centrale du fait de son expertise dans le développement de l'enfant et de sa psychopathologie.