Les anticancéreux oraux (AKO) sont largement utilisés en oncologie digestive : inhibiteurs de tyrosine kinase, capécitabine, témozolomide, évérolimus. L’implication du pharmacien hospitalier dans le parcours des patients est essentielle pour assurer la bonne compréhension des modalités de prise, l’observance, et vérifier l’absence d’interactions avec d’autres médicaments ou thérapies alternatives complémentaires (TAC). Un suivi thérapeutique pharmacologique (STP) permet d’éviter la surexposition ou la sous-exposition des patients aux AKO pour lesquels des données sont disponibles. L’objectif est de décrire l’implication et quantifier l’impact notamment financier du pharmacien dans le parcours des patients sous AKO en oncologie digestive.

Il s’agit d’une étude rétrospective monocentrique sur les données d’activité de janvier 2021 à août 2022. Les données d’activité liées aux consultations pharmaceutiques (CP) avec les patients sous AKO pour des cancers digestifs traités dans notre centre ont été recueillies. Les interventions pharmaceutiques (IP) réalisées, leur taux d’acceptation, et les données liées au STP ont été relevées. L’impact financier de l’implication du pharmacien au sein des hospitalisations de jour pour ces patients a été calculé (recette pour l’hôpital de 355,44 € si le pharmacien faisait partie des 3 intervenants, et de 419,10 € correspondant à la différence entre un HDJ intermédiaire et un HDJ à taux plein si le pharmacien faisait partie des 4 intervenants).

Au total 89 patients ont bénéficié d’une CP, représentant 148 CP d’initiation (n=78) et de suivi (n=70). Les cancers étaient des carcinomes hépatocellulaires (47 %), des cholangiocarcinomes (29 %) et autres (24 %). Un quart des patients avait recours à des TAC. Les CP ont concerné une première, deuxième, troisième ligne ou plus de traitement pour 27, 43, 26 patients respectivement (certains patients ont eu plusieurs lignes de traitement), durant lesquelles 104 IP ont été formulées avec un taux d’acceptation de 87,5 %. Quarante-huit STP ont été réalisés et des adaptations posologiques ont été proposées dans 39,5 % des cas (17 sous-dosages et 2 surdosages). La participation du pharmacien a théoriquement permis de coter 60 HDJ intermédiaires et 45 HDJ à taux plein représentant au total 40 185,90 €.

La cotation de l’impact des IP avec l’échelle CLEO permettrait d’affiner les données sur le plan économique. Nous avons aussi pour ambition de mieux structurer le lien ville-hôpital. Il apparait essentiel d’accéder à une valorisation financière de cette activité avec une redirection vers des moyens pharmaceutiques afin de pérenniser l’activité. La satisfaction des patients vis-à-vis de l’implication du pharmacien devra être évaluée, notamment au travers de PREMs (Patients’ Reported Experience Measure).

L’implication du pharmacien hospitalier dans le parcours des patients sous AKO en oncologie digestive est souhaitable et doit être reconnue et valorisée, notamment financièrement. Son impact doit être systématiquement évalué.