Partir à temps : intensification du travail face aux défaillances technico-organisationnelles dans une chaîne d’abattage de bovins - 11/04/23
Leaving on time: Work intensification in the face of technical and organisational failures in a cattle slaughter line
Résumé |
Introduction |
Le travail à la chaîne correspond à une organisation dans laquelle le travailleur doit réaliser ses tâches à une cadence déterminée par les machines. Elle se caractérise aussi par l’accomplissement répétitif d’une tâche sur un produit en mouvement perpétuel. Ce type d’organisation du travail comporte plusieurs contraintes psychosociologiques et biomécaniques (la répétition des gestes, la cadence élevée, la concentration de force à appliquer, les postures contraignantes et l’insuffisance des micro-pauses) pouvant augmenter le risque de troubles musculosquelettiques (TMS).
Objectifs |
Cette communication vise à présenter des analyses d’activité réalisées dans une chaîne d’abattage de bœufs au Brésil, suite à une demande d’accompagnement de la rotation de postes de travail. L’objectif de cette recherche est de comprendre comment les conditions techniques et organisationnelles défaillantes influencent le rythme et l’intensité de travail des opérateurs, augmentant les risques de TMS. La communication se focalise sur un aspect particulier de la production qui conduit à un prolongement du temps de travail que sont les arrêts de chaîne. Ces arrêts de chaîne vont remettre en cause la rotation qui a été prescrite car ils font disparaître les temps de pauses réglementaires. Nous présentons une caractérisation des arrêts de chaîne, ainsi que les stratégies organisationnelles et individuelles pour faire face à ce phénomène.
Méthodologie |
Des observations assistées de la vidéo ont été réalisées sur 10 postes de travail. Ces vidéos ont été analysées au travers du logiciel Actograph et ont servi ensuite de matériel pour les entretiens d’auto-confrontation croisée réalisés avec 10 opérateurs (5 binômes). Celles-ci ont été traitées par analyse du contenu.
Résultats |
Sur un total de 18 heures de vidéos, 1h37min concernait les moments où la chaîne était en arrêt. La durée minimum d’un arrêt pris en vidéo a été de 6 secondes, et le maximum de 5min42. La moyenne des arrêts est de 53 secondes. La fréquence à laquelle la chaîne s’arrête et le temps que cela dure sont donc variables et difficilement anticipés par les opérateurs. Les actions réalisées par eux lors des arrêts sont ainsi opportunistes, avec des visées diverses. Elles sont présentées dans le schéma ci-dessus, qui présente également les éléments de défaillances organisationnelles observés et leurs impacts sur l’activité, la santé et l’organisation du temps de travail.
Ces interruptions entraînent l’augmentation du temps de travail quotidien et par conséquent, une mise en échec du système théorique de « fini parti », où le travail des opérateurs est terminé lorsque tous les bœufs prévus dans la journée sont abattus (de 300 à 600 par jour). En raison d’une nouvelle réglementation, l’indemnité d’heure supplémentaire n’est plus autorisée dans les abattoirs. De ce fait, pour rattraper les retards dus aux arrêts de chaîne, l’encadrement accélère la cadence de travail, allant jusqu’à la suppression des pauses. Cet arrangement convient aux opérateurs, malgré l’augmentation des risques pour leur santé, puisque cette régulation leur permet de ne pas dépasser le temps de travail réglementaire (8 heures/jour). Dans ce cas, la stratégie d’accélération le rythme a pour objectif de compenser les retards induits par des arrêts de chaîne pendant la journée et de quitter le plus tôt possible (ici, à l’heure prévue) un environnement considéré comme hostile.
Discussion et conclusion |
Nous avons observé que l’organisation du temps de la journée de travail dans l’abattoir est influencée par la quantité de bœufs, la vitesse de la chaîne et les arrêts de celle-ci. Les régulations trouvées par les encadrants concernent l’intensification du travail, au travers de l’accélération de la cadence. Celles-ci ne sont pas sans risque pour le développement de TMS, malgré les micro-pauses identifiées. Les données de santé ainsi que les dires des opérateurs concernant la fatigue et les douleurs corroborent ces affirmations.
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Vol 84 - N° 2
Article 101765- avril 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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