Intoxication systémique par les métaux lourds chez une patiente porteuse d’une prothèse totale de hanche - 24/09/23
, P. Lecoanet 2, 3, M. Grenouillet 4, K. Titier 5, A. Quievy-Macchioni 6, M. Labadie 1Résumé |
Objectif |
Discuter l’intérêt d’un traitement chélateur chez les patients porteurs de dispositifs métalliques implantables et atteints de métallose systémique.
Historique du cas |
Une femme de 66 ans atteinte de coxarthrose bénéficie en 2014, de la pose d’une prothèse totale de hanche (PTH) céramique-céramique, remplacée 2 ans plus tard par une PTH à couple de frottement métal-polyéthylène pour luxations récidivantes. Neuf mois plus tard, en avril 2017, elle présente un tableau évocateur d’infection de site opératoire (hanche). Des dosages sériques de métaux sont réalisés en juin avec un taux de Chrome (Cr) et de Cobalt (Co) sérique à 65,95μg/L et 1461μg/L respectivement. La patiente est perdue de vue durant l’été. En décembre, la patiente est vue pour un tableau associant altération de l’état général, dyspnée d’effort, douleurs abdominales, surdité brutale, baisse de l’acuité visuelle rapidement aggravée d’un état confusionnel. Le diagnostic de métallose systémique grave est posé avec l’aide d’une ponction de la collection, qui a isolé un liquide grisâtre métallique, confortant le diagnostic et éliminant un sepsis. La prothèse est changée début janvier 2018 pour une PTH à double mobilité à couple de frottement métal-polyéthylène. La patiente bénéficie de 2 cycles de traitement par double chélation bien tolérés, durant 5jours à 2 semaines d’intervalle associant: Succimer 1200mg/j per-os+EDTA 1600mg/j (acide éthylènediaminetétraacétique)+N-Acétylcystéine 300mg/kg/j+Acide ascorbique 1g/j en intraveineux. Puis 3 autres cycles de chélation sont réalisés dans l’année et en septembre 2019, devant une nouvelle aggravation, une 4e chélation sans succimer est réalisée. En juin 2021, elle présente une impotence fonctionnelle totale avec collection périprothétique, descellement de l’implant acétabulaire et élévation des taux sériques de métaux (Cr à 2008,9μg/L ; Co à 1644μg/L). Elle bénéficie en juin d’une dépose-repose en 2 temps de PTH céramique-céramique. Les dosages sériques de contrôle depuis la repose (4 dosages répartis jusqu’à 2023) retrouvent pour le chrome et le cobalt respectivement 20μg/L et 10μg/L. La marche est reprise sans problème. Les séquelles lourdes auditives et ophtalmiques restent malgré tout.
Discussion |
Peu de données existent sur l’intérêt de la chélation dans ces circonstances. Aucun chélateur n’a prouvé son efficacité dans les études pour le Cr mais le N-acétylcystéine (NAC) et l’acide ascorbique augmentent l’excrétion du Cr en favorisant sa réduction. Concernant le Co, c’est l’EDTA calcico-disodique qui semble être le plus efficace. Ces résultats sont confirmés chez l’animal, avec la NAC qui possède également une action de chélateur sur le Co. Ces études concernent rarement les implants prothétiques. Quelques cas mettent en avant l’usage d’acide dimercaptopropane sulfonique ou de dimercaprol lors de métallose, augmentant l’excrétion urinaire du Co, sans effet significatif sur la symptomatologie.
Conclusion |
L’intérêt de la chélation reste encore une question essentielle, celle-ci semble réduire considérablement les taux sériques en favorisant l’excrétion urinaire de Cr-Co mais avec un effet non évident sur les symptômes. La prise en charge reste avant tout chirurgicale. Mais les chélateurs pourraient avoir une place dans le traitement précoce de métalloses rapidement détectées.
D’autres thérapies semblent naître dans cette indication dont l’acide α-lipoïque.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 35 - N° 3S
P. S81-S82 - octobre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?
