Intoxication par fer par injection intraveineuse : une série de cas sur 23 ans - 24/09/23
Résumé |
Objectif |
Aucune recommandation n’existe, concernant la prise en charge des intoxications par le fer administré par voie intraveineuse (IV) et en particulier, l’indication d’une chélation. Le but de cette étude est de décrire la gravité des cas d’erreur thérapeutique (ET) par injection IV de fer et de discuter l’indication de la chélation.
Méthodes |
Dans le cadre d’une étude rétrospective et descriptive, tous les cas de surdosage aigu en fer injectable recensés par les Centres Antipoison (CAP) français du 01/01/1999 au 31/12/2022 ont été inclus. Les cas d’effet indésirable (hors surdosage) et d’extravasation ont été exclus. La gravité de l’intoxication a été évaluée en utilisant le Poisoning Severity Score (PSS). La réaction anaphylactoïde a été caractérisée selon les critères de l’Académie européenne d’allergie et d’immunologie clinique [1]. Une comparaison de la gravité a été réalisée en utilisant des tests statistiques adaptés aux petits échantillons (test exact de Fisher et Wilcoxon).
Résultats |
Au total, 57 cas correspondent à une exposition aiguë. Parmi ces 57 cas, 45 concernent la spécialité VENOFER® (sel d’hydroxyde ferrique lié à un saccharose). La majorité des cas sont de gravité nulle ou faible (n=45/57, 79 %). Aucun décès n’a été rapporté. Seul 14 patients ont été chélatés par déféroxamine dont 6 cas de gravité modérée à forte. Seulement 29 % des patients ont été hospitalisés dans un service de réanimation (n=15/52) dont 10 cas de gravité nulle à faible. Près de 60 % des cas (n=34/57) ont présenté des symptômes de type réaction anaphylactoïde et les cas de gravité modérée à forte (PSS 2 et 3) étaient significativement plus souvent des cas de réaction anaphylactoïde (92 % VS 52 %, p=0,02), avec principalement des symptômes digestifs (75 % VS 40 %, p=0,03) et des signes cardiovasculaires (83 % VS 20 %, p<0,001). La concentration maximale médiane de fer sérique est de 138μmol/L (min : 14μmol/L, max : 588μmol/L) dans un délai de moins de 24h, toutes spécialités de fer confondues. Concernant l’hydroxyde ferrique-saccharose, sur 23 cas avec dosages, les concentrations maximales en fer sérique ont été observées une à 48h après l’injection avec une médiane à 6h avec comme maximum rapporté ; une concentration de 360μmol/L à H6.
Discussion |
D’après le RCP de l’hydroxyde ferrique-saccharose la Cmax de fer sérique total est atteinte 10minutes après l’injection d’une dose de 100mg avec une moyenne de 538μmol/L. En comparant avec notre série de cas, les concentrations restent élevées même à H6 avec un maximum à 360μmol/L pour des doses injectées au-dessus des thérapeutiques habituelles. Étant donné qu’il s’agit majoritairement de cas de gravité faible, des concentrations élevées en fer sérique semblent donc être bien tolérées. Le complexe du fer avec un sucre serait très stable et donc peu de fer sérique libre serait relargué [2]. Ce complexe est donc rapidement stocké et éliminé dans un second temps lentement [2].
Conclusion |
Les intoxications par le fer injectable sont généralement bénignes malgré des concentrations sériques parfois très élevés. Dans cette série, les cas graves sont plutôt liés à des réactions anaphylactoïdes probablement non dose dépendante. Une chélation est inutile dans la plupart des cas.
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Vol 35 - N° 3S
P. S96 - octobre 2023 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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