CO3.4 - Analyse de l'impact de la politique de non-gratuité du dépistage de la COVID-19 sur la dynamique vaccinale en France - 10/05/24
Résumé |
Introduction |
Alors que la vaccination contre la COVID-19 a été ouverte à l'ensemble de la population française adulte à partir du 31 mai 2021, la dynamique vaccinale a connu un ralentissement à partir de l’été 2021. Pour faire face à ce phénomène, le gouvernement a mis en place des mesures restrictives destinées exclusivement aux personnes non vaccinées. Cette étude analyse l'impact de l'arrêt de l'accès gratuit aux tests de dépistage COVID-19 sans prescription médicale pour les adultes non-vaccinés sur leur décision vaccinale.
Méthodes |
La date d'arrêt de l'accès gratuit aux tests de dépistage a été fixée au 15 octobre 2021 (date de « l'événement » étudié) dans l'ensemble des départements de France métropolitaine. Nous utilisons les données longitudinales de Santé publique France pour la période allant du 17 juillet 2021 au 13 janvier 2022 (trois mois avant et après l'événement). Nous estimons une régression segmentée sur des données de panel avec le nombre quotidien de personnes ayant reçu une première injection de vaccin anti-COVID-19 comme variable d'intérêt : yit=αit+βafterit+γ1dateit+γ2dateit×afterit+ δXit+εit où yit est le nombre quotidien de premières doses de vaccin COVID-19 pour le département i à la date t, afterit est une variable indicatrice, qui vaut 1 lorsque la date est postérieure à l’évènement, 0 sinon ; dateit est le nombre de jours avant (valeurs négatives) ou après (valeurs positives) l’évènement ; Xit est un ensemble de variables de contrôle (caractéristiques socio-économiques au niveau départemental, mortalité hospitalière et mesure de la sévérité des restrictions) et αit est un effet fixe. Nous procédons ensuite à plusieurs tests de robustesse (l'approche « donut hole », choix optimal de la période d'estimation, test du placebo, mortalité décalée).
Résultats |
Nous constatons que l'arrêt de l'accès gratuit aux tests de dépistage COVID-19 pour la population adulte française non vaccinée a eu un impact positif et significatif sur l'adhésion à la vaccination dans tous les départements métropolitains. Alors que nombre de premières doses s'effondre entre fin août et septembre 2021, il augmente légèrement après l'événement. Un taux de pauvreté plus élevé, la part des bénéficiaires d'une affection de longue durée plus importante et la mortalité hospitalière accrue augmentent le nombre de primo-vaccinations, tandis qu'un indice de vieillissement ou le taux de chômage plus élevés, tout comme la proportion plus forte des non-diplômés dans le département de résidence ont un impact négatif et significatif sur la décision vaccinale. Ces résultats restent robustes lorsque l'on réalise les différents tests mentionnés ci-dessus.
Conclusion |
Bien que nous trouvions un impact significatif et positif de l'arrêt de l'accès gratuit aux tests de dépistage sur les primo-vaccinations, l'hésitation vaccinale elle-même pourrait subsister. En outre, les mesures coercitives pourraient compromettre la confiance dans les autorités sanitaires, contribuant ainsi encore plus à l'hésitation vaccinale. Une approche plus globale est nécessaire pour lutter contre ce phénomène
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots-clés : COVID-19, Accessibilité des services de santé, Politiques de santé, Vaccination, Hésitation vaccinale
Vol 72 - N° S2
Article 202410- mai 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.