Plusieurs travaux indiquent que l'expérimentation du tabac est associée à des troubles mentaux, en particulier l'anxiété et la dépression. Notre objectif était d’évaluer cette association chez les adolescents scolarisés d'une délégation tunisienne.

Nous avons réalisé une étude transversale durant la période de janvier à mars de l'année scolaire 2019-2020, à l'aide d'un questionnaire anonyme auto-administré à un échantillon représentatif de 1353 élèves. Les données ont été collectées à l'aide des versions arabes du formulaire court « Beck Depression Inventory » (13 éléments) et du « Screen for Child Anxiety Related Disorders » (SCARED- C).

Le tabac a été expérimenté par 17,5 % (IC 95 % : 14,8 %–18,8 %) des élèves. Les élèves qui présentaient un trouble dépressif étaient significativement plus enclins à expérimenter le tabac : 20,2 % contre 9,9 %, p<0,001 ; OR brut=2,301, IC 95 % : 1,74-3,58. De même, la prévalence de l'expérimentation du tabac s'est avérée plus élevée chez les élèves ayant déclaré avoir souffert de troubles anxieux : 21,0 % contre 14,5 %, p<0,001 ; OR brut=1,56, IC 95 % : 1,06-2,27. Être un élève de sexe masculin (AOR=5,48 IC 95 % : 3,62–8,31), lycéen (AOR= 2,86, IC 95 % : 1,9 –4,26), la consommation de tabac par le père ou la fratrie (respectivement AOR=1,76, IC 95 % : 1,19–2,60 ; AOR=2,47, IC 95 % : 1,52–4,02) et les troubles dépressifs (AOR= 2,69, IC 95 % : 1,60–4,53) étaient les déterminants de l'expérimentation du tabac dans l'analyse multivariée.

Il a été démontré que l'expérimentation du tabac est associée de manière significative à l'anxiété et à la dépression. Les stratégies nationales de prévention du tabagisme devraient être renforcées en mettant l'accent sur les troubles de santé mentale.