L’Ouest-Guyane est caractérisé par une population précaire, pauvre, dispersée, exposée à des facteurs infectieux et chimiques. Le cancer de prostate y est le premier cancer en termes d’incidence chez l’homme. Nous avons examiné ses caractéristiques, sa prise en charge et les exposomes principaux dans ce contexte.

C’est une étude rétrospective descriptive observationnelle monocentrique. Nous avons considéré les expositions externes générales (statut médicosocial, précarité, éloignement géographique, culture), externes spécifiques (sérologies virales, métier, faisant l’hypothèse d’expositions chimiques), et internes (comorbidités, surpoids), croisés avec deux caractéristiques du cancer (grade histopronostique et stade).

Pendant une période de six ans, 70 patients ont été pris en charge : la majorité à un stade métastatique (53 %), avec un grade histopronostique élevé. Les expositions éventuelles étaient : la précarité 45 %, l’habitat dispersé 39 %, la culture noire marron 48 %, l’exposition à des agents chimiques 53 %, mais sans exposition à des virus ni de facteurs de risque médicaux notables. Aucune des comparaisons ne montrait de différence significative à l’exception d’une proportion de cancers métastatiques plus élevée en cas de précarité (71 % versus 39 % ; p=0,015) et une tendance pour les patients vivant dans un habitat rural (67 % versus 45 % ; p=0,09).

Ces résultats conduisent à proposer deux stratégies : 1 – organisation de la prise en charge au plus près des patients ; 2 – recherche translationnelle prospective qui concerne, après une revue exhaustive de la littérature, l’étude des micro-organismes carcinogènes candidats, en particulier HPV, et la pollution chimique très prégnante en Guyane.

West Guiana is characterized by a precarious, poor, dispersed population, exposed to infectious and chemical factors. Prostate cancer is the leading cancer in terms of incidence in men. We examined its characteristics, management and main exposomes in this context.

This is a retrospective, descriptive, observational, monocentric study. We considered general external expositions (medico-social status, precariousness, geographical remoteness, culture), specific external (viral serologies, occupation, hypothesizing chemical exposures), and risk factors (comorbidities, overweight), cross-referenced with two cancer characteristics (histopronostic grade and stage).

Over a 6-year period, 70 patients were managed: the majority at a metastatic stage (53%), with a high histopronostic grade. Possible exposures were precariousness 45%, scattered housing 39%, maroon culture 48%, exposure to chemical agents 53%, but no exposure to viruses or notable medical risk factors. None of the comparisons showed any significant difference, with the exception of a higher proportion of metastatic cancers in the case of precariousness (71% versus 39%; P=0.015) and a trend for patients living in rural areas (67% versus 45%; P=0.09).

These results lead us to propose two strategies: 1 – organization of care as close as possible to patients; 2 – prospective translational research which, after an exhaustive review of the literature, concerns the study of candidate carcinogenic microorganisms, in particular HPV, and chemical pollution, which is very prevalent in French Guiana.