L’étude de l’enregistrement des fluctuations du niveau marin à partir des foraminifères est menée ici pour la première fois le long d’un sondage carotté au bord du lac Retba, Sénégal. La carotte a livré 37 espèces de foraminifères, connues pour la plupart dans les estuaires et lagunes actuelles du Sénégal. Une succession de quatre associations de foraminifères dominées par Ammonia parkinsoniana et A. tepida a été mise en évidence le long du sondage, correspondant à différentes étapes de l’évolution du lac. La première, en bas de la carotte, caractérise une lagune faiblement ouverte sur la mer, bordée de végétation sous un climat relativement humide. La seconde, plus riche et plus diversifiée, renferme une proportion plus forte d’espèces littorales, marines benthiques et planctoniques (près de 10 %) et caractérise un petit golfe marin bordé de mangrove. La troisième association est oligospécifique et indique une lagune fermée hypersaline sous un climat aride. La dernière livre encore des espèces littorales benthiques, ainsi que de rares foraminifères planctoniques (3 %). Elle traduit l’évolution du lac Retba vers une lagune salée et ouverte en climat aride. La disparition des foraminifères planctoniques, tout à fait au sommet de la carotte indique la fermeture de la lagune. Les indicateurs biocénotiques ont mis en évidence deux incursions marines attribuées aux étages du Dakarien (3000 ans B.P.) et du Saint-Louisien (2140–680 ans B.P.) de l’échelle stratigraphique régionale de l’Holocène supérieur du bassin sénégalo-mauritanien. La fermeture de la lagune et la formation du lac Retba, survenues, il y a 680 ans B.P., se sont traduites par la réduction de l’abondance et de la diversité des foraminifères ainsi que la disparition des espèces planctoniques au sommet du sondage, alors que les sels précipitaient au fond du lac.

A study of sea level fluctuation records based on foraminiferal assemblages was carried out for the first time in a sediment core taken at the Lac Retba edge. A total of 37 foraminifera species were collected along the core, among which most are known in the modern estuaries and lagoons of Senegal. A succession of four assemblages dominated by Ammonia parkinsoniana and A. tepida were identified; they correspond to different stages of evolution of the lake. The first association, at the base of the core, indicates a lagoon slightly opened to the sea and bordered with vegetation, under relatively humid climate. The second has the richest and most diversified microfauna with a high proportion of coastal, marine benthic and planktonic species (about 10%) that indicate a small coastal gulf bordered with mangroves. The third association is oligospecific and typical of a closed and hypersaline lagoon under a dry climate. The last association again contains coastal, marine benthic and scarce planktonic species (3%) indicating a change to a saltier and more open lagoon under dry climate. The disappearance of planktonic foraminifera at the top of the core indicates the closure of the lagoon. The biocenotic indicators are evidence for two marine intrusions that are referred to the Dakarian (3000 years B.P.) and Saint-Louisian (2140–680 years B.P.) stages of the Upper Holocene of the senegalo-mauritanian stratigraphic scale. Evidence of the Lac Retba closure since 680 years B. P. appears in the core by high reduction of foraminifers’ abundance and diversity absence of planktonic species, and salts precipitated at the bottom of the lake.