Symptôme récurrent de notre malaise collectif, l'éternelle question de l'identité de l'infirmière tend à occulter les vrais débats. Aujourd'hui, l'interrogation, l'évolution et l'enrichissement des savoirs qui fondent notre champ d'exercice professionnel sont des incontournables dont nous ne pouvons plus faire l'économie. La réflexion professionnelle ne peut plus s'inscrire uniquement dans un pur registre intellectuel. Elle doit s'attacher et s'ancrer dans la pratique quotidienne, dans l'analyse des situations de soins avec les infirmières praticiennes. L'engagement indispensable dans ce travail de l'ensemble des acteurs hospitaliers viserait à mieux articuler l'action et la réflexion autour du patient. En explicitant et en nommant le travail réel des soignants, cette activité permettra, de manière concomitante à la recherche, d'optimiser la production, l'utilisation, la diffusion et la reconnaissance des savoirs disciplinaires. Un espace de réflexivité sur soi et d'élaboration de groupe est rendu possible. Plus encore, l'analyse des pratiques remplit une fonction « compréhensive et d'intelligibilité » de l'action. En outre, la prise de conscience d'un vécu et de problématiques partagés en commun, le développement des liens sociaux avec des collègues d'autres secteurs paraissent susceptibles de réduire parfois le sentiment d'isolement et de souffrance au travail grâce au renforcement du sentiment d'appartenance à un collectif qui affiche des valeurs, des références, des pratiques communes... Ce schéma d'action semble une opportunité intéressante à développer pour accompagner le mouvement de professionnalisation, renforcer l'unité professionnelle et le management des soins et, in fine, pour asseoir les bases d'une épistémologie des soins infirmiers.