Le but de cette étude est d'apporter une mesure objective des troubles cognitifs susceptibles d'apparaître dans deux situations rencontrées en pratique courante, à savoir : le sevrage complet aux opiacés et le traitement de substitution par la méthadone. Ainsi, nous avons comparé deux groupes de toxicomanes hospitalisés : le premier composé de sujets en sevrage (quatre femmes et six hommes) et l'autre, de sujets sous méthadone (cinq femmes et dix hommes) Ces deux groupes ont été comparés à un groupe de sujets témoins sains (cinq femmes et neuf hommes). Nous avons utilisé une méthode électrophysiologique permettant l'enregistrement de la P300 (oddball paradigm en modalité auditive). Les enregistrements ont été pratiqués entre six et dix jours après le début du sevrage ou de la prise de méthadone.

Dans les deux groupes de patients, alors qu'il n'existe pas de signes cliniques de sevrage, on observe des anomalies de la P300 avec diminution de son amplitude et augmentation de sa latence, associées à une accélération du temps de réaction motrice et à une augmentation des erreurs de discrimination. Les anomalies neurophysiologiques rencontrées chez les sujets en sevrage sont plus sévères que celles des sujets sous méthadone.

The aim of this study was to assess cognitive functions in two clinical conditions, namely during heroin detoxification and during substitution treatment by methadone. Two groups of chronic heroin user inpatients, meeting DSM-III-R criteria for concurrent opiate dependence, were tested using an auditory oddball paradigm of P300. The first group (four women and six men) were drug-free and the second (five women, ten men) received methadone treatment. Patients were also compared to a control group of non-dependant healthy subjects (five women, nine men). The patients were recorded 6-10 days after the beginning of either detoxification or methadone treatment. There were significant P300 alterations in the two patient groups, with amplitude decrease and latence increase, at a time when self-reported signs of withdrawal were absent or minimal. Paradoxically, the reaction time was accelerated in the two groups of patients, who also showed increased discrimination errors. These abnormalities were found with a lesser degree in the methadone-treated group than in detoxification patients.