En chirurgie rectale, la fermeture de la stomie temporaire est impossible dans 20 à 40 % des cas après fistule anastomotique. Le but de cette étude était d’évaluer les facteurs de risque de stomie définitive (SD) après fistule anastomotique (FA) compliquant une chirurgie rectale conservatrice pour cancer.

Entre 1994 et 2007, 219 patients ont eu une résection rectale avec conservation sphinctérienne pour cancer. Les facteurs de risque de SD suivants ont été étudiés : âge, sexe, score ASA, obésité, hauteur anastomotique, préparation colique, type d’anastomose, dissection intersphinctérienne, réservoir colique, traitement néo-adjuvant, type de FA et traitement de la FA.

Le taux de FA était de 19 % (41/219) dont 12 % de FA clinique (27/219). La prise en charge de la FA était : aucun traitement (n=14), traitement médical (n=6), chirurgie mineure (drainage transanal ou radiologique) (n=10) et chirurgie majeure (réintervention) (n=11). Avec un suivi de 32 mois (extrêmes : 6 - 132), le risque de SD était de 3 % (6/219) : 0 % (0/14) après FA asymptomatique vs 22 % (6/ 27) après FA clinique (p<0,10). Chez les patients réopérés, le risque de SD était de 13 % (1/8) en cas de conservation de l’anastomose vs 100 % (3/3) en cas de Hartmann (p=0,026). En analyse multivariée, le risque de SD était corrélé à l’obésité (p=0,0035) et au score ASA>2 (p=0,007).

Le risque de stomie définitive après exérèse rectale pour cancer est de 3 %. Ce risque, corrélé à l’état du patient (obésité, score ASA), augmente en cas de FA clinique, et surtout si un démontage de l’anastomose est réalisé. Pour cette raison, nous plaidons à chaque fois que possible pour un traitement le plus conservateur possible en cas de FA après proctectomie.