P.152 Facteurs de risque de cytolyse hépatique et évolution des transaminases au cours de la renutrition dans l’anorexie mentale - 28/12/09
Résumé |
Introduction |
L’existence de perturbations des tests hépatiques dans l’anorexie mentale (AM) est décrite. La physiopathologie et la gravité potentielle de cette atteinte hépatique sont mal connues. L’objectif de ce travail a été d’analyser les anomalies des tests hépatiques au cours des dénutritions graves chez les patients atteints d’AM, d’identifier les facteurs de risque de survenue et d’observer leur évolution au cours de la renutrition.
Patients et Méthodes |
Etude rétrospective sur un échantillon de patients AM hospitalisés pour renutrition entre 1996 et 2006. Une perturbation du bilan hépatique a été définie par une augmentation des ASAT et/ou des ALAT>2N. Critères d’inclusion : AM (définition DSM-IV), dénutrition définie par un indice de masse corporelle (IMC)<18. Critères d’exclusion : hépatopathie préexistante ou sérologie(s) virale(s) positive(s), prise de médicaments hépatotoxiques ou d’alcool, IMC>18.
Résultats |
Soixante six patients ont été inclus. Sex ratio 62 F/4 H. AM restrictive pure 42 (63,6 %), des conduits purgatives associées 24 (36,3 %). L’âge moyen était de 28,7±11 ans, IMC 12,3±1,9, albuminémie 36,7±7g/L. Tous les patients ont bénéficié d’une renutrition progressive (entérale et/ou orale), selon les besoins calculés, associée à une complémentation en vitamines, oligo-éléments et phosphore. Plus de la moitié des patients (39, 59 %), IMC 12,9±2,0, âge 30,6±12, n’avait pas de cytolyse hépatique à l’admission. Aucun de ces patients n’a secondairement développé d’hypertransaminasémie. Il existait une cytolyse à l’admission chez 41 % (n=27) des patients, 78 % présentaient une AM restrictive pure, IMC 11,4±1,9 ; âge 25,9±7 ans. Ils présentaient une augmentation médiane des ASAT à 4N (extrêmes 2N-57N) et des ALAT à 4N (2N- 44N). Ces patients avec cytolyse avaient un IMC inférieur (P<0,0001), un âge plus bas (p<0,045) et plus souvent une forme restrictive (P<0,07) que les patients sans cytolyse. Tous les hommes appartenaient à ce groupe (vs 37 % des femmes) (p<0,028). L’évolution du bilan hépatique à la fin de la quatrième semaine était favorable chez 93 % des patients avec une médiane des ASAT à 1N (1N-6N), des ALAT à 1N (1N-19N). La normalisation totale du bilan hépatique était observée à la 6ème semaine chez 96 % des patients. Au terme de la 4ème semaine la prise de poids était plus importante chez les patients sans cytolyse hépatique (IMC 13,8 vs 11,7, p<0,0001). Seules deux patientes sur 27 (7 %) ont présenté une élévation secondaire des transaminases à la 4ème semaine (ASAT 10N, ALAT 8N) dont un cas d’insuffisance hépatique sévère (facteur V inférieur à 50 %, hypoglycémie symptomatique, sans encéphalopathie). En dehors des transaminases le reste du bilan hépatique était peu perturbé.
Conclusion |
La cytolyse hépatique est retrouvée près d’une fois sur 2 dans l’AM au cours des dénutritions sévères. Quatre facteurs de risque ont pu être identifiés : âge jeune, homme, IMC bas et forme restrictive pure de maladie. L’évolution est le plus souvent bénigne mais peut être plus sévère dans moins de 5 % des cas. Les facteurs de risque d’une évolution défavorable restent à identifier.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Vol 33 - N° 3S1
P. A94 - mars 2009 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.