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La pensée sans langage - 21/10/10

[17-022-E-80]  - Doi : 10.1016/S0246-0378(11)54525-7 
D. Laplane  : Professeur honoraire
Hôpital Pitié-Salpêtrière, 47-83, boulevard de l'Hôpital, 75651 Paris cedex 13, France 

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Article archivé , publié initialement dans le traité EMC Neurologie

Résumé

La démonstration de l'existence d'une pensée sans langage, une évidence pour le neurologue, n'est que rapidement rappelée dans cet article. Sa connaissance est cependant utile pour une meilleure prise en charge des patients aphasiques. Mais l'intérêt principal de l'étude de cette question est une meilleure compréhension du fonctionnement du cerveau dans son ensemble. L'étude des réseaux neuronaux artificiels, en établissant la possibilité d'un traitement non symbolique (sans mots) de l'information, fournit une modalité plausible du traitement de l'information par le cerveau qui vaut sans doute pour la pensée sans langage mais aussi, probablement, pour l'ensemble des fonctions cérébrales. Elle rend compte de bien des modalités d'erreur des malades cérébrolésés, ce que l'hypothèse de la comparaison entre cerveau et ordinateur (utilisé sur le mode classique) ne peut faire. L'existence d'une pensée sans langage rend à celui-ci un référent qui lui est nécessaire. À l'inverse, si langage et pensée s'identifient, le langage devient un code autoréférentiel, une notion bien difficile à comprendre. Sans pensée sans langage, la question de la sémantique (ce qui donne sens au langage) devient insoluble. Il est aussi intéressant d'étudier les raisons qui, pendant deux siècles, ont empêché l'intelligentsia occidentale d'accepter l'évidence de la pensée sans langage. L'hypothèse d'un mode unique de traitement de l'information contribue à expliquer la difficulté que l'esprit humain éprouve à séparer absolument l'affectivité, l'émotion, les préjugés de ce que nous croyons volontiers appartenir au logique et à l'objectif. La question de la pensée sans langage intéresse le neurologue à plusieurs titres. D'un point de vue pratique, il n'est pas indifférent de savoir que l'intelligence des aphasiques que l'on a à prendre en charge n'est pas nécessairement diminuée et peut même être normale. Cette reconnaissance peut améliorer l'attitude du médecin, de l'ensemble des soignants et de tout l'entourage vis-à-vis de ces patients dont la déréliction est souvent si dramatique. Elle peut aussi guider l'attitude de l'expert pour le choix de la meilleure assistance judiciaire, tutelle ou curatelle et parfois guider le choix du curateur. D'un point de vue plus théorique, la responsabilité des neurologues est particulièrement grande car seuls ils ont la connaissance de tous les faits scientifiques qui rendent si évidente l'existence de la pensée sans langage. Or depuis deux siècles, toute l'intelligentsia philosophique et plus tard linguistique affirme le contraire : il n'y a pas de pensée sans langage. Cette base erronée est évidemment la cause de ce que l'on peut appeler l'échec de la linguistique sur ce qui fut un temps son ambition : fournir la clé de la sémantique. On verra pourquoi l'absence de pensée sans langage transforme le langage en code autoréférentiel empêchant de comprendre comment le sens vient au langage et réciproquement, à quel point référer le langage à une pensée en grande partie élaborée éclaire cette question si longtemps restée énigmatique. D'une manière plus générale encore, il peut être intéressant de méditer sur cette erreur unanime.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Pensée sans langage, Rapport langage-pensée, Aphasie, Réseaux neuronaux artificiels


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