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Avant-propos de la première édition - 07/06/11

Doi : 10.1016/B978-2-294-06234-6.50069-7 
Jean Calop
 Professeur de pharmacie clinique, UFR de pharmacie de Grenoble, pharmacien, praticien hospitalier chef de service, CHU de Grenoble 

Claude Mailhot, B. Pharm., DPH, Pharm.D.
 Professeur agrégé et vice-doyenne aux études de premier cycle, faculté de pharmacie, université de Montréal, Québec 

La pharmacie clinique, c’est-à-dire la pharmacie au lit du patient, est une discipline qui, en France a débuté avec la réforme des études en 1984 et l’instauration de la 5e année hospitalo-universitaire. Cette réforme permettait à tous les étudiants de 5e année de profiter de la formation sur l’instauration et la mise en place d’une thérapeutique médicamenteuse pour un patient donné. Restaient à définir la place du pharmacien au sein de l’unité de soins ainsi que ses fonctions précises1 . La pharmacie clinique permet l’intégration des connaissances théoriques par rapport à un vécu et l’acquisition de compétences, c’est-à-dire la capacité à répondre en temps réel et d’une manière juste à une question de terrain sur un sujet précis. Le savoir s’enrichit ainsi d’un savoir-faire, et d’un faire savoir destiné à maîtriser les techniques de communication pour diffuser des connaissances au sein d’un groupe (exemple des staffs médicaux hebdomadaires).

La pharmacie clinique permet de mieux saisir l’évolution des pratiques professionnelles. Cette évolution doit pousser les enseignants à s’adapter et à comprendre ce qui se passe en dehors des forteresses universitaires. L’ère du mortier pilon des officinaux est révolue et le rôle du pharmacien d’officine et hospitalier est désormais centré sur:

la validation d’une stratégie thérapeutique définie par le médecin prescripteur pour un patient donné;
l’explication pédagogique de cette ordonnance au patient en trouvant les mots et les supports écrits pour que ce dernier puisse bien comprendre son traitement médicamenteux;
la prise en compte plus globale du patient dans son environnement de vie, son contexte psychosociologique, sa physiopathologie, ses antécédents, son traitement, l’évaluation de l’efficacité et de l’efficience de celui-ci, ainsi que le suivi thérapeutique. Cette prise en charge globale est appelée Pharmaceutical Care chez nos collègues des États-Unis et «soins pharmaceutiques» chez nos collègues québécois.

L’avenir de la pharmacie passe également par l’évaluation des pratiques professionnelles orientée par la prise en compte de plusieurs critères — efficacité, services rendus au patient et à la collectivité, efficience, sécurité — auxquels la profession doit trouver des réponses.

Les enseignements doivent prendre plus en compte ces exigences sociales et permettre à l’étudiant de se projeter plus et mieux dans ces évolutions:

en l’accompagnant plus qu’en le maternant, par des techniques pédagogiques adaptées et modernes (utilisation d’Internet, de la télémédecine, des téléconférences);
en lui permettant de maîtriser l’information technique et scientifique;
en l’impliquant davantage dans des méthodologies actives telles que l’apprentissage par résolution de problèmes, par alternance;
en développant ses capacités d’autoformation;
en lui apprenant à maîtriser les techniques d’expression et de communication modernes;
en le sensibilisant aux études pharmaco-économiques dans un contexte d’optimisation des coûts de santé;
en développant une culture qualité.

Bref, un vaste programme dans lequel une discipline moderne comme la pharmacie clinique doit facilement s’intégrer. Il s’agit en fait de montrer que le pharmacien est devenu un partenaire indispensable du médecin, non pas en terme de «contrôle» des prescriptions, mais en terme de valorisation d’une stratégie thérapeutique pour vérifier que toutes les précautions ont été prises dans la rédaction du protocole, que tout est précisé et que la mise en œuvre par l’infirmière ne pose pas de difficultés particulières.

Ainsi se placer dans l’état d’esprit d’un pharmacien clinicien, c’est:

connaître les critères de choix des médicaments;
pouvoir scientifiquement argumenter le bien-fondé du choix d’un médicament par rapport à un état physiopathologique;
valider une thérapeutique médicamenteuse;
pouvoir communiquer facilement ces informations au médecin prescripteur;
repérer les dysfonctionnements qui peuvent exister dans le circuit du médicament et proposer des actions correctives en les évaluant a posteriori (assurance qualité);
repérer rapidement chez le patient des effets indésirables et en étudier les causes pour proposer des solutions adaptées;
maîtriser l’information scientifique sur les thérapeutiques médicamenteuses (médecine basée sur l’évidence) et la mettre à disposition des médecins prescripteurs;
savoir communiquer avec le patient selon des niveaux de langage adaptés pour l’informer de ses traitements et de la manière dont il devra les prendre précisément;
connaître les méthodologies d’évaluation de l’activité des médicaments.

La mise à disposition d’un ouvrage pour les pharmaciens qui veulent s’impliquer et comprendre cet état d’esprit «pharmacie clinique» reste un événement important. Il reste à bien saisir les nuances entre un ouvrage de pharmacologie et de pharmacie clinique. La pharmacie clinique ne peut s’appuyer que sur des connaissances pharmacologiques solides et les deux disciplines sont particulièrement complémentaires. Les auteurs ont réussi dans le rédactionnel à faire passer l’esprit «pharmacie clinique». Qu’ils en soient remerciés chaleureusement et notamment la cheville ouvrière de cet ouvrage, François Gimenez, qui, avec constance, opiniâtreté et diplomatie, a réussi à convaincre tous les collègues de consacrer du temps pour faire avancer le projet. Nous espérons que, avec l’état d’esprit que nous avons décrit plus haut, chaque étudiant et lecteur puissent mieux se préparer pour que, soit en milieu officinal soit en milieu hospitalier, le pharmacien soit capable de mettre à disposition du prescripteur sa culture pharmaceutique et permettre ainsi une optimisation de la thérapeutique. Répondre au souci sécuritaire et aux exigences d’information de plus en plus exprimés par les patients tant sous forme de recours que de plaintes représentait également un objectif que nous espérons avoir atteint.

«Le pharmacien clinicien est le “monsieur” assurance qualité de la mise en place efficiente de la stratégie thérapeutique médicamenteuse définie par le médecin prescripteur pour un patient donné.»

L’élaboration d’un manuel de référence en français, portant sur la pharmacothérapie et destiné aux étudiants en pharmacie et aux pharmaciens s’avère une œuvre de grande envergure, mais ô combien utile!

Au Québec, peu de ressources sont disponibles dans la langue de Molière et, bien qu’en Amérique la langue de Shakespeare soit un incontournable, la fibre «française» qui est en nous salue avec beaucoup d’enthousiasme l’arrivée du «livre de pharmacie clinique et thérapeutique».

Historiquement, la pharmacie a eu pour centre d’intérêt principal le médicament. En pharmacie clinique, ce centre d’intérêt se déplace vers le patient, utilisateur du médicament. L’intégration des connaissances liées au médicament constitue un défi pour la formation en pharmacie puisque chacune des disciplines entourant le médicament (physicochimie, chimie médicinale, pharmacologie, bio-pharmacie, pharmacocinétique…) contribue à la résolution des problèmes liés à la thérapie du patient. En ce sens, la pharmacie clinique, qui vise une utilisation efficiente du médicament par le patient, s’abreuve à même des connaissances fondamentales sur le médicament et vise à les contextualiser dans une approche de soins au patient.

Le livre de pharmacie clinique et thérapeutique s’utilise comme un outil d’aide à la décision pour le pharmacien, sachant qu’une compréhension globale «médicament/patient» s’avère essentielle pour atteindre des résultats pharmacothérapeutiques optimaux pour le patient.



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