Malgré l'utilisation de la trithérapie, la candidose oropharyngée (COP) demeure une des infections les plus fréquentes chez les patients infectés par le virus de l'immunodéficience humaine (VIH). L'infection est souvent récidivante et l'émergence de résistances aux traitements antifongiques traditionnels est parfois observée. L'étude porte sur le dosage de la lactoferrine et du lysozyme dans le sérum, la salive et les selles de 30 sujets (11 patients VIH positifs sans COP, 8 patients VIH positifs avec COP et 11 sujets sains), afin d'explorer la réponse immunitaire muqueuse non spécifique, dirigée contre Candida albicans. La technique utilisée, pour mesurer ces deux protéines anti-infectieuses, est l'immunofluorimétrie en temps résolu avec le système biotine-streptavidine. Les résultats montrent une augmentation de la perméabilité muqueuse buccale et intestinale, consécutive au processus inflammatoire lié à la candidose et à l'infection par le VIH, ce qui conduit à une transsudation accrue de la lactoferrine et du lysozyme plasmatique. Par ailleurs, chez les patients VIH positifs avec COP, il existe une forte élévation des concentrations moyennes salivaire et fécale de la lactoferrine (respectivement 66,8 mg/L (p=0,001) et 3,3 mg/L vs 10,2 mg/L et 0,2 mg/L chez les sujets sains) et des coefficients d'excrétion moyens de cette protéine (103801 vs 13835, p=0,007), ainsi qu'une augmentation de la concentration moyenne du lysozyme salivaire chez les patients VIH positifs avec COP (171 mG/L vs 23 mg/L chez les sujets sains, p=0,007), liée principalement à une production locale de ces deux protéines. Cette observation révèle une réponse muqueuse digestive dirigée contre Candida albicans, provenant notamment de l'activation des cellules phagocytaires (polynucléaires neutrophiles, monocytes-macrophages), et médiée par la lactoferrine et le lysozyme. L'utilisation de ces protéines anti-infectieuses pourrait s'avérer intéressante dans le traitement de la COP, en association avec les antifongiques habituels.

In spite of the highly active antiretroviral therapy (HAART), oropharyngeal candidiasis (OPC) remains one of the most frequent infections in human immunodeficiency virus-infected patients. The infection is often recurrent and the emergence of antifungal drug resistance is sometimes observed. The aim of the study was to analyze lactoferrin and lysozyme in serum, saliva and stools, in 30 subjects (11 HIV positive patients without OPC, 8 HIV positive patients with OPC and 11 healthy subjects), in order to explore the non specific immunity response against Candida albicans. The two antibacterial proteins were measured by avidin-biotin-amplified time resolved-immunofluorometric assay. The results showed an increase in mucosal permeability (oral mucosa and intestine) due to an inflammatory response against Candida albicans and the HIV infection. In the same way, in HIV positive patients with OPC, there was a marked increase in mean lactoferrin concentrations (66.8 mg/L (p=0.001) and 3.3 mg/L vs 10.2 mg/L and 0.2 mg/L in healthy subjects, respectively) and mean relative coefficients of excretion (103801 vs 13835, p=0,007), in the saliva and the stools, and an increase in salivary lysozyme for the HIV positive patients with OPC (171 mG/L vs 23 mg/L in healthy subjects, p=0,007). High local production of lactoferrin and lysozyme against Candida albicans was also demonstrated indicating natural mucosal immunity due to the phagocytic cells (neutrophils, monocytes-macrophages), and mediated by lactoferrin and lysozyme. The association of these antibacterial proteins with the usual antifungal therapy could be useful against OPC.