La question de l’engagement corps et âme au travail est au cœur de l’étude des métiers de vocation. Il a ainsi été montré comment, dans ce type de métier, ce sont des aspirations socialement construites et vécues sur le mode de la vocation qui donnent sens et orientent l’engagement. Pourtant, à partir d’une étude des carrières des danseurs de l’Opéra de Paris, l’article montre que la révélation sur une impossibilité de réaliser les aspirations ne provoque pas nécessairement une sortie du métier, une reconversion. En se fondant sur une analyse séquentielle de l’évolution du rapport au travail des danseurs, l’article interroge les facteurs sociaux permettant d’expliquer comment s’opère alors le maintien du sens donné à l’engagement. L’analyse met ainsi à jour des processus de recomposition de la vocation, faisant apparaître, derrière les carrières professionnelles, des « carrières morales » de la vocation.

The commitment to one’s work, with body and soul involvement is a key issue in the study of vocation-driven occupations. In such callings, the aspirations that are socially constructed and experienced as vocations have been shown to provide meaning and direction to one’s commitment. However, this study of Paris Opera ballet dancers shows that realizing one’s aspirations are impossible to achieve does not necessarily result in quitting, nor retraining. Changes in the way dancers relate to their work are studied using sequential analysis, to examine which social factors may explain how this involvement’s meaning is maintained. The analysis identifies some processes of vocation recomposition. Thus revealing, behind the professional careers, the “moral careers” of the vocation.