Toxicité cutanée de la rue fétide - 14/11/14
Résumé |
Introduction |
Les phytophotodermatoses regroupent 2 types de réactions cutanées secondaires à l’action conjointe d’une substance photosensibilisante et d’un rayonnement. Les réactions phototoxiques, correspondent à une réaction physiologique induisant, dès le premier contact, une éruption limitée à la zone photo-exposée. Les réactions photoallergiques, rares résultent d’un mécanisme immunoallergique et peuvent s’étendre aux zones protégées.
Observations |
Nous présentons 2 patients qui ont manipulé de la rue fétide. M.O., 51ans a présenté, 24heures après avoir touché la plante, un érythème de topographie limitée aux zones photo-exposées (respect des habits et du pli du coude). En 48heures, apparurent des vésicules extensives et un œdème local des membres supérieurs, comparables à une brûlure superficielle du 2nd degré et nécessitant une consultation en dermatologie. M.M., jardinier, a arraché dans le cadre professionnel de la rue fétide. Le lendemain, apparurent des lésions similaires érythémato-bulleuses des avant-bras et des genoux. Les deux patients ont été traités de manière symptomatique par corticoïdes per os et locaux. L’évolution a été favorable avec la persistance de cicatrices.
Discussion |
La ruta graveolens ou rue fétide est un sous-arbrisseau de la famille des Rutaceae. L’ensemble de la plante contient 2 psoralènes linéaires phytotoxiques : le bergapten et la xanthotoxine. Le mécanisme majeur est la génotoxicité des psoralènes qui se fixent sur les bases pyrimidiques de l’ADN. L’exposition à un rayonnement de longueur d’onde supérieur ou égale à 320nm, induit la création de lésions sous forme de mono-adduit ou de bi-adduit. Les mono-adduits génèrent des mutations, l’inhibition de la synthèse d’ADN et de la prolifération cellulaire et stimulent la mélanogenèse. Cependant, les bi-adduits favorisent la multiplication du nombre de mélanocytes hypertrophiés. La production de mélanine est plus importante induisant une hyperpigmentation. Le second mécanisme est l’interaction des psoralènes avec l’oxygène créant des radicaux libres au niveau cellulaire (noyaux et membranes cellulaires de l’épiderme, du derme et des cellules endothéliales, enzymes, ARN et lysosomes). Les dommages cellulaires se traduisent par de l’érythème, de l’œdème et la formation de vésicules ou de bulles. L’interrogatoire différé des 2 patients a retrouvé une exposition antérieure avec une réaction cutanée d’intensité moins importante. Cela pose l’hypothèse d’une sensibilisation antérieure à l’origine de symptômes plus graves par un mécanisme immunoallergique.
Conclusion |
La rue fétide est responsable d’atteintes cutanées parfois sévères, d’évolution lente et laissant des cicatrices séquellaires : les professionnels concernés pourraient bénéficier d’une meilleure formation sur les risques toxiques liés aux plantes.
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Vol 26 - N° 4
P. 234 - décembre 2014 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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