La question de savoir s’il est possible d’augmenter la croissance mandibulaire et de modifier sa direction afin de corriger les rétrognaties mandibulaires a fait l’objet de très nombreux travaux. Les études animales (Petrovic et al., 1981 ; McNamara, 1987) montrent qu’il est possible d’augmenter la longueur mandibulaire chez le rat et le singe grâce au port d’un hyperpropulseur 24 heures sur 24 pendant toute la durée de la croissance. Des études à court terme (Pancherz, 1979 ; Wieslander, 1984 ; Lautrou, 1993 ; Pezzin, 1995), à moyen terme (Legoff, 1999) et à long terme (Fränkel, 1969, 1997) confirment ces résultats chez l’homme. Cependant les traitements par régulateur de fonctions de Fränkel durent de 4 à 7 ans et sont donc très difficilement applicables. De plus des études sur l’effet à long terme de l’activateur monobloc (De Vincenzo, 1991) et des bielles de Herbst (Pancherz et Fackel, 1990 ; Pancherz 1997, 1998 ; Wieslander, 1993) montrent que les modifications obtenues à court terme sur la mandibule disparaissent. Ces études ne retrouvent quasiment aucune différence entre les patients traités et un groupe témoin au niveau de la croissance mandibulaire, tant d’un point de vue quantitatif que qualitatif (direction de croissance). Pour Johnston (1986, 1998, 1999), il ne s’agit pas de récidive : les activateurs de Classe II ne peuvent pas augmenter la croissance mandibulaire. Ils permettent d’éviter l’avancée de l’arcade maxillaire : ils ont une action strictement dento-alvéolaire. Ainsi, il ne nous est pas possible de dire qu’un traitement dit orthopédique, tel qu’il peut être mené aujourd’hui, puisse augmenter et réorienter la croissance mandibulaire à long terme.