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Conséquences des perturbations périnatales sur les réponses douloureuses - 18/04/15

Doi : 10.1016/j.douler.2015.02.007 
Meggane Melchior, Pierrick Poisbeau
 Centre national de la recherche scientifique, institut des neurosciences cellulaires et intégratives (INCI), université de Strasbourg, 5, rue Blaise-Pascal, 67084 Strasbourg, France 

Auteur correspondant.

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Résumé

Pendant de nombreuses années, le monde médical n’a pas reconnu la capacité du jeune enfant à ressentir la douleur. Parmi les arguments avancés, la question de l’immaturité du système nociceptif et de la myélinisation des circuits nociceptifs ont été des arguments majeurs utilisés pour expliquer l’absence de souvenirs douloureux dans les premières années de vie. Les travaux d’Anand et al., publiés à la fin des années 1980, ont permis de corriger ce préjudice. Il est maintenant clairement établi que l’organisation neuroanatomique du système nociceptif est fonctionnelle au début du troisième trimestre de la vie fœtale permettant d’observer une intégration corticale des messages nociceptifs périphériques. L’immaturité du système nociceptif, évoquée en fin de grossesse et au début de la vie extra-utérine, touche plus spécifiquement les filtres inhibiteurs au sein du système nerveux central dont ceux de la moelle épinière. De nombreux progrès doivent encore être réalisés dans la prise en charge de la douleur chez l’enfant. Plus de 20ans après la publication des travaux d’Anand, il était constaté que seulement 20 à 30 % des interventions douloureuses était effectuées à l’aide d’une analgésie préemptive chez les enfants nouveau-nés prématurés, par exemple. Dans cette revue, le développement du système nociceptif du nouveau-né et son expression douloureuse seront tout d’abord présentés. Évaluer la douleur chez le nouveau-né reste effectivement un challenge puisqu’il lui est impossible de l’exprimer sous forme d’une plainte intelligible. Des approches indirectes, basées sur l’observation de « signes » de douleur sont donc nécessaires et ont été développées. Il s’agit par exemple de l’évaluation des réponses autonomes à la douleur : fréquence cardiaque, fréquence respiratoire, pression artérielle ou mesure de la saturation en oxygène du sang. Ces données peuvent être associées utilement à la mesure d’indicateurs comportementaux basés sur l’observation générale des mouvements du corps, de l’état d’agitation de l’enfant, de la durée des pleurs ou encore de l’analyse de l’expression faciale (froncement des sourcils, ouvertures des lèvres, contraction des paupières…). Au-delà de la question de la reconnaissance de la douleur chez l’enfant, les conséquences à long terme de la prise en charge des nouveau-nés dans les unités de soins intensifs sont un sujet d’inquiétude. Ces perturbations périnatales douloureuses et non-douloureuses (c.-à-d. excès de stimulations sensorielles, déficit d’interaction mère–enfant…) semblent laisser une empreinte à long terme au sein même du système nociceptif. L’enfant devenu adulte montre ainsi une réponse accentuée ou inappropriée vis-à-vis des stimulations douloureuses, un risque plus élevé de développer des douleurs chroniques et plus généralement, fait preuve d’une mauvaise adaptation vis-à-vis des stress environnementaux. Les altérations à long terme de la réponse douloureuse, induites par les procédures douloureuses néonatales ou par la mauvaise qualité des interactions mère–enfant, seront présentées à la fin de cette revue. Les données récentes de la recherche fondamentales sur des modèles animaux et sur les mécanismes associés seront également évoquées.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Summary

For several years, the medical world did not recognize the capacity of the young child to feel pain. Among the advanced arguments, the question of the immaturity of the nociceptive system and the myelination of nociceptive circuits were major arguments used to explain the absence of painful memories in the first years of life. The works of Anand et al., published in the end of the 1980s, allowed to correct this dramatic mistake. It is now clearly established that the neuroanatomical organization of the nociceptive system is functional at the beginning of the third trimester of fetal life and allows observing a cortical integration of peripheral nociceptive messages. The so-called immaturity of the nociceptive system described at the end of pregnancy and during the first weeks of extra-uterine life touches, more specifically, the inhibitory filters within the central nervous system, including those present in the spinal cord. Numerous progresses must be again realized in the child pain care. Indeed, more than 20years after the publication of Anand's works, it was noticed that only 20–30% of the painful interventions were made by means of a preemptive analgesia on premature newborn children. In the first part of this review, the development of the nociceptive system of the newborn child and his painful expression will be described. To evaluate pain in newborn child stays actually a challenge. Indirect approaches, based on the observation of “signs” of pain are thus necessary and have been developed. This includes evaluation of the autonomous responses to pain stimulus: changes in heart rate, respiratory frequency, blood pressure or blood oxygen saturation. These data can be usefully associated with the measure of behavioral indicators such as abnormal body movements, cry duration or facial expression scores. Beyond the question of recognizing child pain, the long-term consequences of intensive neonatal care are also critical. Painful and non-painful perinatal disturbances (i.e. excess of sensory stimulations, deficit of mother-child interactions, etc.) seem to leave a long-term imprint within the nociceptive system. Adults with intensive neonatal care history often express a higher response to pain stimulus, inappropriate stress adaptation and a higher risk of developing chronic neuropathologies including chronic pain. Long-term consequences of neonatal pain, led(inferred) by the neonatal painful procedures or by the bad quality of the interactions mother–child, will be presented to the end of this magazine(review). The recent data of basic researches on animal models and on associated mechanisms will be also evoked.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Douleur chez l’enfant, Interaction mère–enfant, Soins intensifs, Prématurité, Développement du système nociceptif, Épigénétique

Keywords : Child pain, Mother–child interactions, Intensive care, Development of the nociceptive system, Epigenetic


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Vol 16 - N° 2

P. 77-85 - avril 2015 Retour au numéro
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  • Une méta-analyse en réseau de l’efficacité des analgésiques opioïdes dans la prise en charge des épisodes d’accès douloureux paroxystiques d’origine cancéreuse
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