Syndrome sérotoninergique sévère après ingestion d’?-méthyl-tryptamine (AMT) - 07/05/15
Résumé |
Objectif |
L’α-méthyl-tryptamine (AMT) est une « nouvelle drogue de synthèse » disponible sur le web. Nous présentons un cas grave d’exposition à cette « tryptamine » encore très peu décrite. Cas clinique : un homme, 33ans, autiste et polytoxicomane traité par méthadone, loxapine et lorazépam, est admis aux urgences (H0) pour agitation. Des comprimés trouvés dans sa chambre font évoquer une prise de méthoxphénidine (MXP). Le tableau clinique suggère un syndrome sérotoninergique (Glasgow Score 10/15, sueurs profuses, mydriase, hyperthermie, tachycardie à 140/min). Devant l’hyperthermie à 42°C, le patient est transféré en réanimation (H4). Le bilan biologique initial est : pH 7,28, lactates 3,7mmol/L, PaCO2 6,5 KPa, créatininémie 156μmol/L (j2 : 325μmol/L), CPK 1973 U/L (j2 : 26895 U/L), TGP et TGO 75N à j2 avec TP<10 %, bilirubine 187μmol/L et plaquettes 7 G/L. Le traitement entrepris en réanimation comporte : ventilation mécanique sous sédation, refroidissement endovasculaire pendant 48heures, hyperhydratation, support vasopresseur par noradrénaline, épuration extra rénale, support transfusionnel et 100mg de dantrolène à H24 pour suspicion de syndrome malin des neuroleptiques associé (introduction récente de loxapine). L’évolution est favorable permettant une sortie de réanimation à j16. Deux échantillons (sang et urine, H2 et H16) ainsi qu’un comprimé, sont transmis pour analyses.
Méthodes |
Deux recherches larges de toxiques ont été réalisées par CLHP-UV-BD et CPG-SM de même qu’une analyse par CPG-SM avec dérivation par HFBA. Les quantifications ont été effectuées par CLHP-SM/SM, en mode ESI+ et MRM (AMT : 175,09>158 ; 175,09>143,1), après précipitation des protéines par méthanol (2/3 v/v) puis dilution 1/4 dans l’eau suivie d’une chromatographie 2D (injection 10μL) avec piégeage sur précolonne Strata-X (25μm On-Line Extraction 20×2mm) et séparation sur colonne Kinetex 2,6μm Phényl-Hexyl 100×3,0mm. Le gradient d’élution est un mélange 90-10 de formiate NH4 (2mM) et d’acétonitrile contenant chacun 0,2 % d’acide formique, puis 65–35 en 8,5min et 10–90 en 0,5min.
Résultats |
Du lormétazépam (0,2mg/L), du lorazépam (0,05mg/L), de la méthadone (0,3mg/L) sont trouvés, par CLHP, dans le plasma d’admission (H2) ainsi qu’un produit avec un spectre UV analogue à une structure indole. Ce produit est retrouvé dans l’urine ainsi que la méthadone, son métabolite EDDP et la mirtazapine. L’analyse du comprimé montre le même produit, la CPG/SM orientant vers une méthyl-tryptamine. La présence de l’AMT et non de molécules isomères comme la N-méthyl-tryptamine (NMT) ou le 5-aminopropyl-indole (5IT), a pu être déterminée par une légère différence de Tr selon les méthodes et par une fragmentation un peu différente en CLHP-SM/SM. La méthode de quantification (CLHP-SM/SM) a été validée pour 6 molécules (AMT, NMT, 5IT, MXP, Méthiopropamine, Diphénidine) avec un domaine de linéarité de 10 à 1000μg/L (CV(r)<7 %, CV (FI)<7 % et I %<9 %). Les concentrations plasmatiques en AMT sont égales à 440 et 180μg/L à H2 et H16. Les concentrations urinaires, déterminées après dilution dans un plasma témoin, sont respectivement de 78,3 et 58,2mg/L. La MXP, faiblement présente dans le comprimé, n’est pas détectée chez le patient (<10μg/L).
Conclusion |
Ce syndrome sérotoninergique majeur avec défaillance multiviscérale s’explique par la présence d’AMT et illustre la potentielle dangerosité des tryptamines de synthèse.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Plan
Vol 27 - N° 2S
P. S25 - juin 2015 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
L’accès au texte intégral de cet article nécessite un abonnement.
Déjà abonné à cette revue ?