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La diphtérie existe encore ! - 23/11/16

Doi : 10.1016/j.annder.2016.09.163 
C. Alberto 1, , S. Osdoit 1, L. Bellec 2, O. Belmonte 3, J.-L. Yvin 1, K. Bagny 1
1 Service de dermatologie et médecine interne 
2 Service de maladies infectieuses 
3 Laboratoire de microbiologie, CHU de la Réunion-Félix-Guyon, Saint-Denis, France 

Auteur correspondant.

Résumé

Introduction

La diphtérie cutanée due à Corynebacterium diphteriae (CD) est devenue exceptionnelle dans les pays développés depuis l’instauration de la vaccination obligatoire. En France, 10 cas ont été rapportés depuis 2002, importés de pays endémiques sauf 1 cas contact. Nous rapportons 5 cas de diphtéries cutanées à CD diagnostiqués à la Réunion entre 2015 et 2016, dont 3 toxinogènes, importées de Mayotte et Madagascar.

Observations

Quatre hommes de 63 à 77 ans et 1 fille de 13 ans consultaient pour plusieurs lésions ulcérées post-traumatiques des jambes, d’évolution rapidement progressive. Les ulcérations étaient superficielles, arrondies, à fond fibrineux, parfois purulentes, avec un pourtour érythémato-violacé recouvert de membranes grisâtres. On notait un décollement épidermique périphérique et une dermohypodermite chez 2 patients. Les prélèvements bactériologiques des ulcères révélaient la présence de CD (4 de sous-type mitis et 1 gravis) confirmée par PCR au Centre national de référence, associés à Streptococcus pyogenes et Staphylococcus aureus. La recherche de sécrétion de toxine par détection du gène tox par PCR était positive chez 3 patients. Le statut vaccinal était inconnu pour 4 patients et de moins de 5 ans pour un patient. Le dépistage de CD ORL était positif chez 1 patient. L’antibiothérapie par Augmentin® (2 cas), Dalacine® (2 cas, souches résistantes à la pénicilline) et Rifadine®-Oflocet® (1 cas, souche résistante à la pénicilline et aux macrolides) 14j permettait une cicatrisation des ulcérations.

Discussion

La diphtérie cutanée à CD est une maladie contagieuse à incubation courte (2–5j). Le réservoir est essentiellement humain et la transmission se fait par les sécrétions rhinopharyngées ou contact direct avec des ulcères cutanés. La porte d’entrée est souvent une plaie, qui devient pustuleuse, puis évolue vers une ulcération douloureuse ronde, à bordure indurée, violacée, recouverte de fausses membranes. La recherche spécifique de CD doit être précisée sur l’écouvillon de la plaie, car l’isolement nécessite un milieu de culture sélectif du fait d’un échantillon souvent polymicrobien. La recherche du gène de la toxine par PCR est primordiale, la gravité étant liée à la diffusion dans l’organisme de l’exotoxine qui peut provoquer des myocardites, polyradiculonévrites. 1/10 cas français rapportés à l’INVS depuis 2002 était porteur de la toxine, et 3/5 dans notre série, sans manifestation toxinogène associée. Le traitement est l’amoxicilline 14j, associé à une sérothérapie en cas de manifestations toxiniques. La vaccination doit être mise à jour si elle est antérieure à 5 ans. Les sujets contacts doivent être identifiés et traités en cas de gène tox+. La déclaration à l’ARS est obligatoire.

Conclusion

La diphtérie cutanée est reconnue comme un facteur important de dissémination de la maladie. Il est donc important de savoir l’évoquer devant des ulcères atypiques, recouverts de fausses membranes, en retour de voyage d’un lieu d’endémie.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Mots clés : Corynebacterium diphteriae, Diphtérie, Ulcère


Plan


 Les illustrations et tableaux liés aux abstracts sont disponibles à l’adresse suivante : http://dx.doi.org/10.1016/j.annder.2016.10.003.


© 2016  Publié par Elsevier Masson SAS.
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