Une des missions des centres expert de la fondation fondamental est d’apporter de l’aide aux psychiatres correspondants dans l’évaluation thérapeutique, mais également en cas de doute diagnostique. Ce symposium réunit trois spécialistes des troubles de l’humeur et des troubles schizophréniques, pour aborder certaines difficultés des présentations cliniques et l’aide que peuvent apporter les données recueillies par la Fondation.

Le Dr Urbach évoquera les doutes diagnostiques entre trouble obsessionnel-compulsif et schizophrénie, deux entités nosographiques pourtant distinctes. Les TOC sont fréquents dans la schizophrénie. Certains auteurs ont supposé l’existence d’une sous-catégorie spécifique, et les études cliniques ont conduit à un tournant majeur à partir du DSM-IV : la possibilité d’un TOC avec un mauvais insight. L’auteur insistera sur cette catégorie, qui brouille les distinctions entre troubles anxieux et troubles psychotiques. Cette entité interroge de façon profonde nos représentations de la pathologie mentale et souligne les tensions entre les approches dimensionnelles et catégorielles.

Le Dr Ducasse s’intéressera au trouble bipolaire, et au trouble de personnalité borderline : les interfaces entre ces deux troubles, et les manières de les différencier. Deux troubles fréquents, engendrant un impact individuel et sociétal négatifs considérables, co-occurents dans 20 % des cas, et souvent confondus. Dans une perspective de dépasser les limites de nos représentations catégorielles, une compréhension dimensionnelle du trouble de la personnalité borderline sera présentée. Mieux comprendre le vécu intérieur, pour mieux aider. L’auteur s’intéressera également à l’évolution des deux troubles, et les influences potentielles de l’un sur l’autre. Le Dr Fond abordera les enjeux cliniques du diagnostic différentiel entre symptômes dépressifs et négatifs souvent confondus chez les patients, ainsi que les facteurs associés à la dépression et à la non-rémission. Il présentera également les dernières données issues de la cohorte FACE-SZ, une cohorte de 1000 patients avec schizophrénie suivis sur 3 ans. Ces analyses ont révélé le rôle majeur de la dépression, identifiée chez un tiers des patients, et non diagnostiquée et non traitée dans la moitié des cas, alors qu’elle est associée à une altération importante de la qualité de vie des patients. Les antidépresseurs ont pourtant montré leur efficacité, même si 44 % des patients traités n’entrent pas en rémission.