La mortalité maternelle, malgré sa rareté dans les pays riches, reste un indicateur fondamental de santé maternelle. Elle est considérée comme un « événement-sentinelle » dont la survenue témoigne de dysfonctionnements, souvent cumulés, du système de soins. Outre les enseignements classiques de la surveillance épidémiologique – nombre de décès, ratio de mortalité maternelle, distribution des causes médicales, sous-groupes de femmes à risque –, son étude permet, par une analyse précise du parcours de chaque femme décédée, la mise en évidence d’éléments améliorables du contenu ou de l’organisation des soins, dont la correction permettra la prévention des décès mais aussi celle des évènements morbides d’amont relevant des mêmes mécanismes. Pour atteindre ce double objectif épidémiologique et d’audit clinique, un système dit « amélioré » ad hoc est nécessaire. La France est dotée d’un tel dispositif depuis 1996, l’Enquête Nationale Confidentielle sur la Mortalité Maternelle (ENCMM), sous la double tutelle de Santé Publique France et de l’Inserm. La méthode de l’ENCMM vise à une identification exhaustive et fiable des morts maternelles jusqu’à 1 an après la fin de la grossesse, et à une documentation la plus complète possible de chaque décès. La 1^re étape est l’identification multi-source (déclaration directe, certificats de décès, chaînage avec les bulletins de décès, base des séjours hospitaliers du PMSI) des femmes décédées pendant la grossesse ou l’année suivant sa fin. La 2^e étape est la collecte d’informations détaillées pour chaque décès par un binôme d’assesseurs cliniciens. La 3^e étape est la revue de ces documents anonymisés par le Comité National d’Experts sur la Mortalité Maternelle qui établit le caractère maternel du décès (lien causal avec la grossesse), et , dans une optique affirmée d’amélioration et non de jugement, évalue l’adéquation des soins et l’évitabilité du décès. La synthèse des informations ainsi colligées pour les décès maternels de la période 2016–2018 est présentée dans les autres articles de ce numéro spécial.

Although maternal mortality is rare in wealthy countries, it remains a fundamental indicator of maternal health. It is considered to be a “sentinel event”, the occurrence of which indicates dysfunctions, often cumulative, in the healthcare system. In addition to the classic epidemiological surveillance findings – number of deaths, maternal mortality ratio, distribution of medical causes, sub-groups of women at risk – its study, through a precise analysis of the history of each woman who died, enables to highlight areas for improvement in the content or organisation of care, the correction of which will make it possible to prevent not only deaths but also upstream morbid events involving the same mechanisms. To achieve this dual epidemiological and clinical audit objective, an ad hoc “enhanced” system is needed. France has had such a system since 1996, the Enquête Nationale Confidentielle sur la Mortalité Maternelle (ENCMM), under the joint supervision of Santé Publique France and Inserm. The ENCMM method aims to identify maternal deaths exhaustively and reliably up to 1 year after the end of pregnancy, and to document each death as fully as possible. The 1st step is the multi-source identification (direct declaration, death certificates, linkage with birth certificates, hospital stay database) of women who died during pregnancy or in the year following its end. The 2nd step is the collection of detailed information for each death by a pair of clinical assessors. The 3rd step is the review of these anonymised documents by the National Expert Committee on Maternal Mortality, which establishes the maternal nature of the death (causal link with pregnancy) and, with a stated aim of improvement rather than judgement, assesses the adequacy of care and the preventability of the death. The summary of the information gathered for maternal deaths in the 2016–2018 period is presented in the other articles of this special issue.