Pour assurer un équilibre « quasi-statique », le système sensoriel et le système musculaire sont mis en jeu pour limiter les oscillations posturales. Ces deux systèmes permettent de détecter les perturbations et de produire des ajustements de la posture. Aux perturbations mécaniques, s’ajoutent les contraintes induites par nos interactions avec l’environnement qui influencent la commande posturale. Au cours de cette dernière décennie, de nombreux travaux se sont intéressés aux liens entre posture et émotion. Cette interaction du contexte émotionnel et du comportement avait déjà été décrite par Darwin. En effet, ce dernier a émis l’hypothèse que l’émotion pouvait induire l’adaptation de la réponse comportementale en fonction du contexte environnemental qui avait créé cette émotion. Ces réponses automatiques produites par les stimuli émotionnels jouent un rôle central dans la survie des espèces. L’état émotionnel (l’anxiété, la peur de la chute…) d’un individu affecte sa stratégie de contrôle postural. Ainsi, l’augmentation de la menace posturale va induire des réponses posturales caractéristiques d’une rigidification de la posture (ou freezing). Plusieurs modèles ont été utilisés pour étudier l’influence du contexte émotionnel sur le comportement. Le modèle motivationnel se base sur le modèle biphasique de l’émotion suivant lequel un stimulus avec une valence négative provoquerait une réponse d’évitement tandis qu’un stimulus avec une valence positive provoquerait un comportement d’approche. Cependant, dans les tâches statiques, il apparaît principalement un comportement de freezing pour les stimuli émotionnels les plus intenses. Le modèle d’étude se basant sur l’incarnation d’émotions (embodiment) met également en évidence une modification du contrôle postural. Lorsqu’un participant s’imagine dans une situation douloureuse, on observera un comportement de freezing par rapport à une situation non douloureuse. Ces réponses posturales liées au contexte émotionnel ont des conséquences sur la production de mouvements et semblent être le reflet de la préparation à l’action.