S'abonner

Interférence de l’oxétorone avec le test de dépistage salivaire des amphétamines DrugWipe® 5S de Securetec : à propos d’un cas faux-positif - 10/05/18

Doi : 10.1016/j.toxac.2018.04.093 
J. Descoeur, C. Le Souder, B. Clarivet, C. Constans, O. Mathieu
 Département de pharmacologie médicale et toxicologie, Montpellier, France 

Auteur correspondant.

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
Article gratuit.

Connectez-vous pour en bénéficier!

Résumé

Objectif

Suite à un résultat positif d’imprégnation aux amphétamines dans le cadre d’un dépistage routier (non confirmé), nous avons exploré et documenté la potentielle réaction croisée des tests salivaires DrugWipe® 5S du laboratoire Securetec chez des patients traités par oxétorone.

Description du cas

Une jeune femme de 23 ans (55kg, 164cm) a été contrôlée positive aux amphétamines lors d’un contrôle routier alors qu’elle affirme ne pas en consommer. Cette patiente présente comme antécédents un terrain migraineux et un syndrome d’ovaire polykystique traités respectivement par une prise journalière d’un comprimé de Nocertone® (oxétorone) depuis 2012 et d’un comprimé d’éthinylestradiol/dropirénone depuis 5 ans. Un signalement au centre de pharmacovigilance de Montpellier a été fait par la patiente. Nous avons exploré ce cas à partir des comprimés de la spécialité Nocertone® 60mg, Sanofi Aventis–lot 70617. À partir d’une dilution initiale d’un comprimé broyé, des solutions filles aqueuses ont été préparées aux concentrations de 60 000, 6000, 600 et 60ng/mL. Ces solutions ont été testées avec le kit AMPH Syva® sur analyseur XPand (Siemens®) et avec les kits DrugWipe® 5S de Securetec [1].

Résultats

Toutes les dilutions testées conduisent à un dépistage négatif avec le kit AMPH Syva®. À l’inverse, toutes les dilutions conduisent à la positivité du test DrugWipe® 5S, au seuil de visibilité pour la concentration la plus basse.

Conclusion

L’oxétorone, ou (3Z)-3-(12H-[1]benzofuro[3,2-c][1]benzoxepin-6-ylidene)-N,N-diméthylpropan-1-amine, est un antihistaminique H1 également antagoniste sérotoninergique et dopaminergique commercialisée depuis 1974 dans le traitement de fond de la migraine à des posologies de 60 à 180mg/j (RCP). Ses propriétés antagonistes sérotoninergiques et dopaminergiques, d’une part, sa chaîne latérale diméthylpropanamine prolongée via une double liaison insaturée jusqu’à l’oxygène du groupement benzofurane lui conférant une parenté structurale très proche de la MDMA, d’autre part, rendent très probable une interférence avec un kit susceptible de dépister l’ecstasy. En accord avec cette hypothèse, le kit AMPH qui répond bien à l’amphétamine mais très médiocrement à la MDMA n’est pas positivé par l’oxétorone. Très peu de données pharmacocinétiques sont disponibles sur l’oxétorone. En supposant un volume de distribution de 1 à 10L/kg et une fraction libre très basse de 10 %, la prise d’un comprimé à 60mg pourrait conduire à une concentration salivaire de 10 à 100ng/mL au pic et probablement de cet ordre de grandeur à tout moment de la journée au cours d’un traitement chronique du fait d’une demi-vie de 24h. La prise d’une dose de 1mg/kg de MDMA conduit à titre de comparaison à un pic sanguin de 163ng/mL [2]. Les concentrations toxiques d’oxétorone semblent par ailleurs se situer au-delà de 300ng/mL de plasma [3]. Ainsi, la réaction croisée avec l’oxétorone pouvant positiver le test de dépistage salivaire des amphétamines n’est pas décrite dans la notice du kit salivaire DrugWipe® mais apparaît explicable sur des considérations chimiques, analytiques et pharmacologiques, sans nécessité de prendre en compte une contribution supplémentaire des métabolites.

Le texte complet de cet article est disponible en PDF.

Plan


© 2018  Publié par Elsevier Masson SAS.
Ajouter à ma bibliothèque Retirer de ma bibliothèque Imprimer
Export

    Export citations

  • Fichier

  • Contenu

Vol 30 - N° 2S

P. S68 - juin 2018 Retour au numéro
Article précédent Article précédent
  • Cinq cas d’ingestion accidentelle de cannabis chez le jeune enfant
  • H. Hernando, G. Deslandes, M. Deur, M. Grégoire, E. Dailly, A. Pineau, P. Jolliet, B. Vrignaud, C. Monteil-Ganiere
| Article suivant Article suivant
  • Projet Musitox® : consommation de substances psychoactives lors d’un festival de musique en Aquitaine en 2017
  • A. Daveluy, L. Capaldo, C. Richeval, S.-C. Regueme, C. Bragança, A. Courtois, J. Partrat, K. Titier, N. Castaing, G. Miremont-Salamé, D. Allorge, J.-M. Gaulier, M. Labadie

Bienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.

Mon compte


Plateformes Elsevier Masson

Déclaration CNIL

EM-CONSULTE.COM est déclaré à la CNIL, déclaration n° 1286925.

En application de la loi nº78-17 du 6 janvier 1978 relative à l'informatique, aux fichiers et aux libertés, vous disposez des droits d'opposition (art.26 de la loi), d'accès (art.34 à 38 de la loi), et de rectification (art.36 de la loi) des données vous concernant. Ainsi, vous pouvez exiger que soient rectifiées, complétées, clarifiées, mises à jour ou effacées les informations vous concernant qui sont inexactes, incomplètes, équivoques, périmées ou dont la collecte ou l'utilisation ou la conservation est interdite.
Les informations personnelles concernant les visiteurs de notre site, y compris leur identité, sont confidentielles.
Le responsable du site s'engage sur l'honneur à respecter les conditions légales de confidentialité applicables en France et à ne pas divulguer ces informations à des tiers.


Tout le contenu de ce site: Copyright © 2024 Elsevier, ses concédants de licence et ses contributeurs. Tout les droits sont réservés, y compris ceux relatifs à l'exploration de textes et de données, a la formation en IA et aux technologies similaires. Pour tout contenu en libre accès, les conditions de licence Creative Commons s'appliquent.