Hématopoïèse clonale de signification indéterminée (CHIP) : intérêt en médecine vasculaire - 10/03/19
Résumé |
L’hématopoïèse est un processus hiérarchique finement régulé permettant la différenciation d’un petit contingent de cellules souches hématopoïétiques (CSH) vers tous les éléments figurés du sang. Le modèle classique de l’hématopoïèse est pyramidal, basé sur le concept d’un pool de CSH quiescentes qui peuvent en fonction des interactions avec leur microenvironnement, sortir de cette quiescence et exprimer leurs deux propriétés fondamentales : l’auto renouvellement et la différenciation. Une des observations les plus importantes de ces dernières années est que l’hématopoïèse peut être en partie clonale chez l’adulte, indépendamment de toute pathologie hématologique sous-jacente. Les techniques de NGS (Next Generation Sequencing) appliquées à des individus sans anomalie hématologique ont révélé en effet la présence de mutations somatiques dans un certain nombre de gènes associés jusqu’ici à des pathologies myéloïdes, notamment DNMT3A, TET2, ASXL1 et JAK2. Cette hématopoïèse clonale de signification indéterminée, appelée CHIP, survient avec une fréquence accrue avec l’âge et témoigne d’une certaine instabilité génomique par déséquilibre entre stress génotoxique et capacité à détecter et réparer les cassures d’ADN ou les erreurs de réplication. Les mutations s’accumulent au sein des CSH tout au long de la vie. La plupart sont sans conséquence fonctionnelle mais certaines peuvent conférer un avantage à la cellule mutée en termes de survie/prolifération et entraîner l’émergence clonale. Une étude de séquençage systématique sur plus de 2500 patients sans anomalie hématologique a identifié des mutations clonales dans plus de 5 % de la population au-delà de l’âge de 70 ans. Une autre étude sur une population suédoise (plus de 12000 patients) retrouve un taux de mutation de 10 % après 65 ans. Toutes ces études retrouvent un risque accru de développer des hémopathies, mais variable selon la nature et le nombre de mutations. Un des aspects les plus surprenants reste néanmoins l’association de la CHIP au risque cardiovasculaire. Si le risque vasculaire est bien connu dans certaines pathologies hématologiques clonales qu’elles soient malignes (néoplasies myéloprolifératives) ou non (hémoglobinurie paroxystique nocturne), la CHIP elle-même au moins en ce qui concerne les mutations DNMT3A, TET2, ASXL1, ou JAK2 entraîne un risque cardiovasculaire accru. Jaiswal et al. retrouvent en effet sur une étude prospective sur près de 5000 patients un risque de pathologie coronarienne près de 2 fois plus élevé en cas de CHIP, ainsi qu’un risque accru de calcifications coronariennes. Le mécanisme physiopathologique n’est pas encore élucidé, mais les modèles murins montrent l’implication des macrophages porteurs de ces mutations dans la physiopathologie de l’athérome observé au cours des hématopoïèses clonales. Ces données, si elles restent à confirmer, pourraient donc ouvrir une nouvelle voie dans l’identification et la prise en charge du risque athéromateux, à l’heure du développement des techniques de NGS en routine dans un nombre de plus en plus grand de laboratoires d’hématologie moléculaire.
Le texte complet de cet article est disponible en PDF.Mots clés : Hématopoïèse, Athérome
Plan
Vol 44 - N° 2
P. 109 - mars 2019 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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