Utilisé depuis plus de 20 ans comme outil de réduction des risques (RDR) auprès des usagers, le dispositif d’analyse de drogues du réseau de la mission XBT (pour « xénobiotique », désignant une substance non produite par le vivant) de Médecins du Monde (MdM) regroupe aujourd’hui plus de 80 partenaires répartis sur l’ensemble du territoire. Il s’agit ici de décrire les résultats de l’année 2019.

Proposé en lieu fixe (CAARUD, associations) ou en mobile (festival, espace urbain), le dispositif se décline selon les étapes communes suivantes :

– entretien anonyme de collecte avec l’usager sur ses consommations, pratiques et motivations pour l’analyse. Si la demande correspond aux critères de RDR, l’intervenant proposera la collecte,

– analyse par chromatographie sur couche mince (CCM) par un personnel qualifié : plaques de silice sur aluminium avec indicateur UV 254nm, 3 phases mobiles selon les substances à détecter, réactif de Dragendorff (Nitrate de Bismuth/Iodure de potassium/Diiode en cristaux/Acide chlorhydrique/Acide acétique glacial/Ethanol absolu/Eau déminéralisée), réactif de Marquis et Mandelin (Vanadate d’ammonium/Acide sulfurique concentré). Les résultats sont enregistrés numériquement et transmis de façon sécurisée au collecteur. En cas de substance non identifiée, l’échantillon est envoyé au dispositif de veille sanitaire SINTES de l’OFDT,

– entretien oral de rendu de résultats à l’usager.

Sur 2019, 1246 échantillons ont été analysés. Les principaux échantillons collectés sont : MDMA (28,3 %), cocaïne (25,3 %) et héroïne (12,1 %). Les usages de kétamine sont à part égale des consommations répétées, régulières ou occasionnelles (30 %). Alors que 96 % des usagers ayant cédé un échantillon de MDMA déclarent avoir déjà consommé une partie de l’échantillon avant la collecte, ils sont 80 % lorsqu’il s’agit de 3-MMC. Une grande partie des échantillons contient la substance annoncée (de 80 % pour la 3-MMC à 96 % pour la MDMA). Les produits de coupe actifs sont très présents hormis pour la MDMA et les cathinones (3,2 % et 16,2 % respectivement). L’héroïne contient en moyenne 2,8 substances actives par échantillon, le principal mélange retrouvé associe caféine et paracétamol (67,8 %). Concernant les 2 formes de cocaïne :

– forme sel : 1,9 produits en moyenne par échantillon (de 0 à 7), mélanges cocaïne+lévamisole (61,2 %), cocaïne+phénacétine (10,4 %), cocaïne+lévamisole+phénacétine (9,8 %),

– forme base : 2,1 produits en moyenne par échantillon (de 1 à 4), mélanges cocaïne+lévamisole (48,7 %), cocaïne+lévamisole+phénacétine (30,8 %), cocaïne+phénacétine (14,1 %).

Les usagers montrent également un intérêt croissant pour l’analyse des NPS (N=72) ainsi que les produits dont ils ne connaissent pas l’identité (N=41). Cette année 2019 a également montré une demande croissante d’analyse concernant le cannabidiol ou le fentanyl. Parmi les produits non identifiés et envoyés au dispositif SINTES pour analyse par méthode de référence, les 28 résultats à disposition mettent en évidence :

– une simple confirmation des lectures CCM dans 57 % des cas,

– la présence d’une autre cathinone que celle présumée en 1ère lecture dans 2 cas,

– l’identification de 10 molécules dont bk-2C-B, ocfentanil, éphylone, x-APB, 2-FMA.

Ce dispositif est utilisé comme un outil de RDR pour permettre aux personnes de s’informer, de faire des choix à partir d’informations fiables. La CCM présente des avantages (coût, mobilité, rapidité d’analyse) et des limites (qualitatif uniquement) par rapport à la méthode de référence. Néanmoins, MdM promeut un accès à un dispositif global d’analyse de drogues, utilisant différentes techniques analytiques en complément les unes des autres, en identifiant et s’adaptant aux limites de chacune d’elles.