Immunogénicité du biosimilaire GP2013 du rituximab : un événement rare, mais pas sans conséquences… - 30/11/20
, R. Cougnaud-Murail 1, C. Goulvestre 2, S. Dumas 3, A. Molto 1, C. Miceli Richard 1, O. Conort 4, F. Batteux 5, Y. Allanore 6Résumé |
Introduction |
La bioéquivalence entre le rituximab (RTX) princeps et son biosimilaire GP2013 a été démontrée dans la polyarthrite rhumatoïde (PR) [1]. Un essai randomisé contrôlé récent a suggéré sur une population sélectionnée une très faible immunogénicité du GP2013 dans la PR (<1 %) [2].
Notre objectif a été d’étudier en pratique courante le risque d’immunogénicité des patients traités par GP2013 pour leur rhumatisme inflammatoire chronique.
Patients et méthodes |
Étude prospective de soins courants réalisée entre septembre 2018 et août 2020 dans le service de Rhumatologie de l’hôpital Cochin. Nous avons inclus consécutivement les patients traités par le biosimilaire du RTX GP2013, utilisé dans le service de façon systématique depuis mars 2018. Des Prélèvements systématiques ont été effectués avant chaque perfusion afin de doser par technique ELISA les anticorps (Ac) anti-RTX et les concentrations résiduelles de RTX (Lisa Tracker Duo Rituximab, LTR005, Theradiag).
Résultats |
Nous avons inclus 159 patients consécutifs traités par GP2013 (124 femmes, 78 %) avec un âge moyen de 59±13 ans et une durée moyenne de la maladie 18±11 ans. Parmi ces 159 patients, 108 (68 %) avaient une PR et 51 une autre maladie (16 sclérodermies systémiques (SSc), 15 connectivite mixte (CM), 5 lupus systémiques (LES), 5 myopathies inflammatoires (MI), 5 rhumatismes inflammatoires inclassés, 2 arthrites juvéniles idiopathiques (AJI) et 3 syndromes de Sjögren primitifs). 137 patients (86 %) recevaient un traitement de fond associé, principalement du méthotrexate (111/137 patients, 81 %). 120 patients (75 %) étaient traités au long cours par RTX princeps (dose cumulée de RTX : 3,5±6g) avant le switch systématique vers le GP2013 en mars 2018. Aucun retour au princeps n’est survenu pendant toute la période de suivi. Les 39 autres patients (25 %) traités par GP2013 étaient naïfs du RTX princeps. L’analyse du premier prélèvement, réalisé avant la seconde perfusion de GP2013 a identifié 8 patients (5 PR, 1 LES, 1 CM et 1 SSc) avec des Ac anti-RTX positifs (prévalence 5 %), avec des taux variant entre 6 et >100ng/mL et des concentrations résiduelles de RTX indétectables. Parmi ces 8 patients, 6 patients avaient précédemment reçu du RTX princeps et 2 patients étaient naïfs de cette molécule. Il était noté une tendance à une association entre immunisation et indice de masse corporel plus élevé (n=8 ; 28±7 vs 25±6, p=0,118), mais il n’existait aucune association entre immunisation anti-RTX et l’âge, la durée de la maladie, la prise d’un traitement de fond conventionnel associé, l’intervalle moyen entre les perfusions ou la dose cumulée de RTX. Parmi les 8 patients immunisés, deux groupes ont pu être isolés :
– un groupe de 5 patients (3 PR, 1 LES, 1 SSc) avec un faible taux d’Ac (6-22ng/mL) sans conséquence clinique observée (maintien du traitement, absence de perte d’efficacité après 13±4 mois de suivi, une seule réaction allergique mineure) ;
– un groupe de 3 patients (2 PR, 1 CM) avec fort taux d’Ac (≥100ng/mL) caractérisé par une réaction allergique sévère lors de la seconde perfusion de GP2013 ayant conduit à l’arrêt du traitement chez un des 3 patients et une perte d’efficacité clinique avec effet fin de dose et absence de déplétion B chez les 2 autres, avec pour conséquence l’augmentation des doses de RTX de 500mg à 1g.
Parmi les 151 patients non immunisés lors du premier prélèvement, aucune réaction allergique sévère et 6 réactions allergiques mineures ont été notées sous GP2013. L’analyse des prélèvements ultérieurs (pour l’instant 97 patients avec 2 prélèvements, 27 patients avec 3 prélèvements) est en cours.
Conclusion |
L’immunogénicité des patients traités par RTX est un phénomène rare, mais avec de possibles conséquences cliniques et biologiques lors d’une immunisation avec un taux élevé d’Ac.
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Vol 87 - N° S1
P. A102-A103 - décembre 2020 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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