Le mode de vie influence la survenue et l’évolution de nombreuses pathologies. Dans le domaine de la médecine du sport, l’inactivité physique et certaines habitudes alimentaires qui ont un rôle en tant que déterminant dans l’évolution de maladies chroniques sont particulièrement discutées lors des consultations et des séances d’éducation thérapeutique. Le volume des études dédiées à ces domaines est très important, ce qui complique l’analyse de la littérature. Il est pourtant indispensable d’en prendre connaissance pour conseiller les patients sur le type de modification de mode de vie à privilégier. Le but de cette étude pilote est de comparer le nombre, la proportion, le type d’essais randomisés et leurs résultats dans la gonarthrose et la polyarthrite rhumatoïde, en se limitant aux modifications de mode de vie dans les domaines de la nutrition et de l’activité physique.

Cette revue systématique de la littérature selon les recommandations Preferred Reporting Items For Systematic Reviews and Meta-Analyses (PRISMA) s’appuie sur un programme d’intelligence artificielle (logiciel BIBOT) [1Orgeolet L., Foulquier N., Misery L., Redou P., Pers J.O., Devauchelle-Pensec V., et al. Can artificial intelligence replace manual search for systematic literature ? Review on cutaneous manifestations in primary Sjögren's syndrome Rheumatology (Oxford) 2020 ;  59 : 811-819 [cross-ref]

Cliquez ici pour aller à la section Références] complété d’une lecture manuelle, puis l’analyse les données identifiées en termes descriptif (nombre, proportion) et comparatif (proportions d’études positives selon la maladie en utilisant le Chi²).

L’analyse a été décomposée en 4 requêtes (nutrition et activité physique dans la polyarthrite rhumatoïde et la gonarthrose). Au total, 7931 articles publiés entre 1990 et 2020 ont été analysés. Concernant la nutrition, 20 articles ont été conservés : parmi tous les articles sélectionnés, 75 % atteignaient leur objectif. L’utilisation de probiotiques représentait 25 % des interventions itératives des études randomisées. Concernant l’activité physique, un total de 267 articles a été conservé : parmi tous les articles sélectionnés, 80,9 % atteignaient leur objectif. Les exercices étaient en majorité supervisés (57,4 % dans la gonarthrose et 81 % dans la PR) combinés (45,5 % pour la gonarthrose et 62,1 % pour la PR). Concernant l’activité physique, un total de 267 articles a été conservé : parmi tous les articles sélectionnés, 80,9 % atteignaient leur objectif. Il est à noter que parmi les critères de jugement primaires concernant la gonarthrose, l’amélioration du WOMAC, critère principal dans les études où il est utilisé, est statistiquement associée au type d’activité physique utilisé avec p=0,033. Il n’y a en revanche pas d’association significative entre le fait d’avoir atteint l’objectif d’amélioration du WOMAC et la supervision ou non de l’activité physique (p=0,138). Le choix de l’objectif principal apparaît important et les études qui utilisent un autre outil que le WOMAC sont beaucoup plus souvent associées au fait d’atteindre l’objectif principal. Les exercices étaient en majorité supervisés (57,4 % dans la gonarthrose et 81 % dans la PR) combinés (45,5 % pour la gonarthrose et 62,1 % pour la PR). Mais le type d’intervention étudié n’est statistiquement pas le même dans la PR et dans l’arthrose du genou (p=0,001).

La prise de compléments alimentaires spécifiques tels que les probiotiques a démontré son efficacité dans la gonarthrose et de la polyarthrite rhumatoïde. L’activité physique a surtout été évaluée sous forme d’exercices supervisés sans qu’un programme spécifique adapté donnant un meilleur résultat puisse être dégagé du fait de l’hétérogénéité des études. Nous proposons d’utiliser le terme de méga-analyse pour ce type de revue de littérature explorant un très grand nombre d’études grâce à l’intelligence artificielle. Des études portant sur les autres aspects du mode de vie et d’autres facteurs de risques (tabac, polluants environnementaux, etc.) pourront être envisagées sur le même modèle.