Un score prédictif de la survenue de pneumopathie interstitielle diffuse préclinique au cours de la polyarthrite rhumatoïde - 27/11/21
Résumé |
Introduction |
À ce jour, il n’existe aucune recommandation sur le dépistage de la pneumopathie interstitielle diffuse (PID) associée à la polyarthrite rhumatoïde (PR). Après une phase préclinique, la PR-PID peut évoluer vers une phase symptomatique chez près de 40 % des patients. L’identification des patients à fort risque de développer une PR-PID préclinique pourrait permettre un dépistage précoce et une prise en charge spécialisée.
Plusieurs facteurs de risque de PR-PID clinique ont été identifiés. Cependant aucun n’a été validé dans la PR-PID préclinique.
Notre objectif était l’identification des facteurs de risque et la création d’un score prédictif de PR-PID préclinique.
Patients et méthodes |
Phase de découverte : un dépistage de la PR-PID par scanner thoracique haute résolution (TDM-HR) a été réalisé chez des patients sans symptôme respiratoire, ayant une PR répondant aux critères ACR/EULAR 2010 inclus dans une cohorte d’arthrites débutantes suivie prospectivement de façon annuelle (cohorte ESPOIR) après 10 ans de suivi. Une lecture centralisée des HRCT classait les patients en fonction de la présence ou l’absence de PID en aveugle des données cliniques et biologiques. Les variables à inclusion et longitudinales associées à la survenue d’une PR-PID préclinique ont été identifiées par une procédure de sélection en 2 étapes mêlant analyse bivariées avec contrôle du risque alpha et régression logistique multiple.
Phase de réplication : nous avons répliqué les résultats au sein d’une population de patients atteints de PR, suivis à l’hôpital Bichat–Claude-Bernard, tous investigués par TDM-HR thoracique en vue d’une inclusion dans une cohorte nationale prospective (NCT04227535).
Résultats |
Phase de découverte : parmi les 163 patients inclus (128 femmes (78,5 %), âge moyen au diagnostic de PR 46,6±10,4 ans, fréquence de l’allèle rare de MUC5B rs35705950 11,3 %), une PID était observée chez 31 (19,0 %) patients après une durée médiane d’évolution de la PR de 14 (9,5–14,8) ans. Après régression logistique, le sexe masculin (OR=3,93, IC95 % [1,40–11,39], p=0,01), l’âge au diagnostic de PR (OR=1,1, IC95 % [1,04–1,16], p<0,001), un DAS28 moyen élevé au cours du suivi (OR=2,03 pour chaque unité de DAS28, IC95 % [1,24–3,42], p=0,006) et l’allèle rare de MUC5B rs35705950 (OR=3,74, IC95 % [1,37–10,39], p=0,01) étaient indépendamment associés à la survenue d’une PR-PID préclinique. Un score prédictif allant de 0 à 144 a été développé à l’aide des 4 variables identifiées. Avec un seuil de 51, le score permettait de prédire la PR-PID préclinique avec une sensibilité de 71,0 % et une spécificité de 79,5 % (AUC=0,80, IC95 % [0,70–0,89]).
Phase de réplication : nous avons inclus 89 patients (23 femmes [74,2 %], âge moyen au diagnostic de PR 44,4±13,7 ans, fréquence de l’allèle rare de MUC5B rs35705950 17,4 %). Une PID était détectée chez 15 (16,9 %) patients après une durée médiane d’évolution de la PR de 11 (5–18) ans. L’application du score prédictif permettait de prédire la survenue d’une PR-PID préclinique avec une sensibilité de 86,7 % et une spécificité de 40,5 % (AUC=0,80, IC95 % [0,67–0,89]).
Conclusion |
Nous avons développé et répliqué un score prédictif de PR-PID préclinique qui pourra aider à identifier les patients atteints de PR à haut risque de PID et éligibles un dépistage par TDM-HR thoracique.
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Vol 88 - N° S1
P. A23 - décembre 2021 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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