Les déficits de reconnaissance des expressions faciales émotionnelles sont très fréquents dans de nombreuses pathologies psychiatriques et font de la lecture des émotions faciales une dimension fondamentale de la maladie mentale. Il en résulte que l'altération de cette capacité peut être associée à des expressions symptomatiques très variables et questionne le lien de causalité avec les autres signes cliniques. Un tour d'horizon des travaux sur la reconnaissance des expressions faciales émotionnelles montre que cette capacité s'appuie sur des mécanismes cognitifs complexes, qui impliquent de nombreuses compétences affectives et cognitives pour contextualiser le signal émotionnel et lui donner un sens. Il montre aussi que cette capacité repose en grande partie sur des concepts émotionnels acquis dans un contexte culturel particulier et ne peut donc pas se résumer à la simple association d'une catégorie émotionnelle à un signal facial spécifique. Les catégories émotionnelles se construisent progressivement au cours de l'enfance, parallèlement au développement des capacités cognitives et conceptuelles, contraignant ainsi la lecture des différentes expressions. En permanence, l'enfant s'adapte, selon son niveau de développement, pour percevoir et catégoriser les expressions faciales émotionnelles. Aussi, le moindre dysfonctionnement perceptif, cognitif ou conceptuel est susceptible de perturber la lecture des émotions, que ce dysfonctionnement concerne des mécanismes spécifiques à la lecture des émotions ou des mécanismes plus généraux. Un même déficit peut ainsi avoir des causes différentes. Finalement, des étiologies variées peuvent s'exprimer selon les conduites adaptatives ou les stratégies compensatoires que le patient est en mesure de mettre en œuvre, selon la nature et l'importance des différents dysfonctionnements.