La pneumonie aiguë communautaire (PAC) est une pathologie fréquente, grave et coûteuse pour le système de santé. Elle est dite étendue lorsqu’elle affecte deux lobes pulmonaires ou plus. L’objectif de cette étude était d’identifier les particularités pronostiques d’une PAC étendue.

Nous avons mené une étude rétrospective incluant des patients hospitalisés pour PAC au service de pneumologie de l’hôpital Charles Nicolle de Tunis entre janvier 2017 et décembre 2020. Les patients ont été répartis en 2 groupes. G1 : patients ayant présenté une PAC étendue (plus de lobes) et G2 : patients ayant présenté une PAC localisée dans un seul lobe.

Nous avons inclus 91 patients dont l’âge moyen était de 59±18ans et un sex-ratio égale à 1,94. Plus de la moitié des patients avait une PAC étendue (G1 : n=48 patients, 52,7 %) dont 29 patients avaient une PAC bilatérale (32 %). L’âge, le sexe et l’intoxication tabagique ne différaient pas entre les 2 groupes (p>0,05). Les comorbidités, notamment le diabète et l’insuffisance rénale chronique étaient similaires (p>0,05). La gravité initiale de la PAC, évaluée par le score de CURB-65 (G1 : 0,81 vs G2 :0,6, p=0,3) et le score PSI (G1 :79,2 vs G2 : 71,9, p=0,97) n’était pas statistiquement significative. En revanche, l’hypoxémie était plus profonde en cas de PAC étendue avec une pression partielle en oxygène plus diminuée dans le G1 (G1 :32mmHg vs G2 : 47mmHg, p=0,016). De même, l’hyperleucocytose était significativement plus importante dans le G1 (G1 : 15 347 éléments/mm³ contre G2 : 13 654 éléments/mm³, p=0,042), contrairement aux taux de la CRP (G1 : 213mg/L vs G2 : 197mg/L p=0,85). La prescription de l’antibiothérapie probabiliste ne différait pas entre les deux groupes (p>0,05). Le délai moyen d’obtention d’une apyrexie était significativement plus prolongé dans le G1 (G1 : 2,1±2,4jours vs G2 : 0,86±0,86jours, p=0,001), ainsi que la durée moyenne d’hospitalisation (G1 : 15jours contre G2 : 12jours, p=0,028). L’évolution était favorable dans tous les cas avec absence de cas transférés en milieu de réanimation ni de décès.

Selon notre étude, la pneumopathie aiguë communautaire étendue est associée à une évolution intra-hospitalière plus délicate nécessitant une prise en charge précoce et adéquate. Il serait intéressant d’inclure le caractère étendu de la PAC comme un item de gravité dans les scores d’évaluation initiale de la pneumopathie aiguë communautaire.