Documentation analytique d’un cas d’ingestion de baies d’If commun (Taxus baccata) chez un enfant - 17/11/24
, Apolline Saint Omer 1, Lenski Marie 1, 2, Corentin Grenier 1, Camille Richeval 1, 2, Jean-François Wiart 1, Luc Humbert 1, Delphine Allorge 1, 2, Jean-michel Gaulier 1, 2Résumé |
Objectif |
Rapporter un cas d’intoxication accidentelle par l’If commun (Taxus baccata) documenté par la mise en évidence d’alcaloïdes de cette plante dans un échantillon urinaire.
Histoire du cas |
Une jeune fille âgée de 10ans a été admise aux urgences pédiatriques après avoir ingéré une dizaine de baies d’If lors d’une sortie en forêt. L’examen clinique d’entrée n’avait pas relevé d’anomalie de l’état général.
Méthodes |
Un échantillon d’urine a été analysé par CL-SMHR selon une méthode de criblage non ciblé déjà publiée [Wiart J.F. et al. Int J Legal Med 2020:134:1339–1344.] intégrant l’usage de bibliothèques spectrales incluant plusieurs de toxiques d’origine végétale (substances mères et métabolites) [Gish A. et al. Toxicon 2022;210:39–43].
Résultats |
Les deux isomères de la taxine B ont été identifiés dans l’échantillon urinaire analysé. Il n’a pas été décelé d’autres alcaloïdes d’If commun (3,5-dimethoxyphenol, taxicatin ou taxine A). De la rispéridone et son métabolite, ainsi que du lorazépam, qui correspondent au traitement habituel de la patiente, ont également été décelée. Il n’a pas été retrouvé d’autre xénobiotique dans l’urine de l’enfant.
Discussion/Conclusion |
Les taxines A et B sont des alcaloïdes retrouvés chez l’If commun, plante de la famille des Taxaceae. Toutes les parties de la plante sont toxiques y compris les graines, sauf les arilles qui sont comestibles à condition de ne pas casser la graine. La taxine B est principalement responsable de la cardiotoxicité de cette espèce pouvant conduire au décès ; la dose létale étant estimée entre 3 et 6,5mg/kg. En effet, elle induit une augmentation du calcium intracellulaire par antagonisme des canaux calciques du myocarde et une inhibition du courant sodique précoce, de manière similaire aux anti-arythmiques de classe I. Les conséquences consistent en la survenue de troubles du rythme tels que l’élargissement des complexes QRS ou des blocs auriculo-ventriculaires, une bradycardie, une asystolie. Ces symptômes peuvent s’accompagner de troubles de la conscience. Dans le cas ici présenté, la prise en charge a consisté en la réalisation d’un électrocardiogramme, et un transfert de la patiente en réanimation pour surveillance scopée rapprochée. L’évolution étant favorable, elle est rentrée au domicile le lendemain. Chez les jeunes enfants ne faisant pas la distinction entre plantes comestibles et plantes toxiques, nombreux sont les cas d’intoxications. De ce fait, l’enrichissement des bibliothèques des méthodes de criblage toxicologique avec les toxines d’origine végétale s’avère nécessaire pour participer au diagnostic de certaines de ces intoxications.
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Vol 36 - N° 4
P. 314 - décembre 2024 Retour au numéroBienvenue sur EM-consulte, la référence des professionnels de santé.
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