Le tabagisme constitue un problème majeur de Santé Publique, responsable d’une morbidité et d’une mortalité très importante. Les structures sanitaires ont un rôle clé dans la promotion du sevrage tabagique, or certaines études avaient montré des prévalences de tabagisme aussi élevées en milieu hospitalier qu’au sein de la population générale.

Évaluer la prévalence du tabagisme et le comportement tabagique des professionnels de la santé au sein de l’hôpital MTM (Nabeul, Tunisie).

Il s’agit d’une enquête transversale menée auprès de 389 professionnels de la santé (médicale, paramédicale, technicienne, administrative et ouvriers) sur une période de 3 mois (mai–juillet 2024), par le biais d’un questionnaire distribué auto-rempli comportant 49 questions à propos de leur comportement tabagique.

Parmi les 873 personnels de la santé employés à l’hôpital Mohamed Taher Maamouri de Nabeul en 2024, 389 ont répondu au questionnaire (44,4 %). Une prédominance féminine était notée (61 %/n=238), avec un âge moyen de 34 ans (26 à 52 ans). Le personnel médical était la catégorie professionnelle la plus représentée (42,8 %) suivie des infirmiers (16,2 %), techniciens (11,5 %), surveillants (10,5 %), administratifs (9 %), ouvriers (7,9 %) et les agents de sécurité (1,8 %). La prévalence du tabagisme actif était de 39,7 % (n=155). La moyenne d’âge des fumeurs était de 37 ans (26 à 52 ans) sans corrélation statistiquement significative (p=0,85). On a noté une prédominance masculine des fumeurs (71,6 % contre 28,4 %, p=0,002). La prévalence du tabagisme actif était plus élevée chez les médecins (31 %) et les infirmiers (23,9 %) sans variation statistiquement significative entre les différentes classes professionnels (p=0,56). Les modalités de tabagisme étaient : la cigarette (22,8 %) avec une consommation moyenne de 24 PA, vape (8,5 %), la narguilé (5,9 %) et la cigarette électrique (2,8 %). Le tabagisme sur leurs lieux de travail était rapporté dans 16,7 % des cas, dont 11,5 % rapportaient la diminution de tabagisme pendant le travail alors que 5,4 % fumaient plus pendant le travail. Parmi les fumeurs, 51,16 % (n=80) se projetaient d’arrêter de fumer.

À la suite de cette enquête, on conclut que l’épidémie de tabagisme chez les professionnels de santé est bien réelle en Tunisie. Un renforcement des mesures de lutte anti-tabagique s’impose actuellement ainsi que des campagnes de sensibilisation et d’aide au sevrage tabagique.